Pressions sexistes et topless sur les plages
Pressions sexistes et topless sur les plages - Photo : DR

Pressions sexistes et topless sur les plages : 49% des femmes interrogées ont été victimes de harcèlement ou d’agression sur les plages ; 65% des moins de 30 ans ont été exposées à des pressions sexuelles, 31% à au moins une forme d’agression ; 27% ont subi attouchements, exhibitionnisme ou menaces etc…

La Journée mondiale du topless qui aura lieu ce samedi 26 août est l’occasion de s’interroger sur le vécu des Françaises lorsqu’elles se rendent à la plage. Sont-elles en mesure de profiter sereinement du soleil et de la mer ou font-elles face, comme dans la rue, à des comportements sexistes et sexuels déplacés ?

Les conclusions de l’étude de l’IFOP commandée par l’agence spécialisée en Data FLASHS et le site VoyageAvecNous.fr sont malheureusement éloquentes. Près de la moitié des femmes interrogées déclarent avoir déjà subi du harcèlement ou des agressions à caractère sexuel sur les plages. Dans des proportions similaires, elles indiquent adopter des stratégies d’évitement lorsqu’elles se rendent sur le sable.

L’application Safer Plage, qui permet pour la 2ᵉ année de signaler ces situations en temps réel sur les plages de Marseille, reflète cette triste réalité. Si ces agissements ne suffisent pas à expliquer le recul progressif de la pratique du topless, abandonnée notamment pour des raisons de santé, ils représentent des obstacles majeurs à l’acceptation de se dévêtir.

Les chiffres clés de l’étude

  • 49% des femmes interrogées ont été victimes de harcèlement ou d’agression sur les plages ;
  • 65% des moins de 30 ans ont été exposées à des pressions sexuelles, 31% à au moins une forme d’agression ;
  • 27% ont subi attouchements, exhibitionnisme ou menaces ;
  • 46% adoptent des stratégies d’évitement, comme ne pas se baigner en maillot ;
  • Seulement 25% des moins de 50 ans pratiquent encore le topless ;
  • Pour les jeunes femmes, les principaux freins à enlever le haut sont le regard masculin (54%) et la crainte de photos diffusées sur les réseaux sociaux (51%).

Si ces agissements n’expliquent pas à eux seuls le déclin de la pratique du topless au fil des années, ils constituent néanmoins de sérieux freins à bronzer seins dénudés. Chez les plus jeunes notamment, les regards appuyés sur leur poitrine ou la crainte de voir sur les réseaux sociaux des photos prises à leur insu sont des arguments de poids pour ne pas enlever le haut. Censée incarner un lieu de détente et de bien-être par excellence, la plage est donc pour de nombreuses femmes, un endroit où les poursuivent les contraintes subies dans d’autres espaces publics. Avec cette vulnérabilité supplémentaire qu’elles y sont dévêtues et statiques. Léa Paolacci

« Cette enquête met particulièrement en évidence que le sexisme ne s’arrête pas à la porte des vacances, alors même que la période est synonyme de bien-être, de détente et de loisirs. Malheureusement, on constate que la plage est aussi, comme d’autres lieux publics, un endroit où les comportements à caractère sexistes et sexuels sont fréquents, à l’exemple de la moitié des femmes interrogées qui disent y avoir été victimes de harcèlement et plus du quart d’une agression sexuelle.

Dans ce contexte, l’application lancée par la ville de Marseille est vécue comme une initiative intéressante, mais qui devra faire ses preuves avant d’inciter les femmes à se sentir plus libres de leur tenue et de leurs mouvements.

Comme on le voit à la lecture des résultats, les femmes sont en effet nombreuses à avoir adopté des stratégies d’évitement en réponse aux situations évoquées.

Si d’autres raisons, comme la santé, sont évoquées, les pressions sexistes et sexuelles qu’elles subissent expliquent également pourquoi la pratique du topless est de moins en moins répandue, notamment sur les plages les plus fréquentées, et donc plus soumises au regard des autres et aux risques d’agression. » Louise Jussian – Chargée d’études senior au pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’IFOP

Étude IFOP pour VoyageAvecNous.fr réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 20 au 24 juillet 2023 auprès d’un échantillon de 1 075 femmes, représentatif de la population féminine française âgée de 18 ans et plus.