confiance des français dans les médias
confiance des français dans les médias

Le baromètre sur « la confiance des Français dans les médias », réalisé par Kantar Sofres pour La Croix, décrit l’évolution du rapport à l’information des Français, ainsi que la perception du traitement des principaux évènements de l’année par les médias.

Des médias qui suscitent de plus en plus de défiance : c’est le principal enseignement du 32e Baromètre de la confiance des Français dans les médias, publié par le journal La Croix. Pour la première fois depuis trois ans, la part des personnes qui disent suivre les nouvelles données par la presse, la radio, la télévision et internet avec un grand intérêt, progresse de cinq points, pour s’établir à 67%.

L’intérêt porté à l’actualité, qui avait chuté de 14 points entre 2015 et 2018, remonte à 67 %, mais tombe à 49 % pour les 15-24 ans et à 51 % pour les moins diplômés. Et, toujours, un quart seulement des sondés jugent que les journalistes sont indépendants du pouvoir et de l’argent.

La confiance envers les médias, qui était remontée l’an dernier, chute un an plus tard particulièrement pour la télévision (à 38%, -10 points), qui atteint comme pour la radio (à 50%, – 6 points) et la presse écrite (à 44%, – 8 points) ses plus bas niveaux historiques. Alors qu’Internet demeure jugé fiable par un quart des sondés. Dans le détail, la radio reste la source d’information la plus crédible aux yeux des personnes interrogées : 50% pensent que les choses se sont passées telles qu’elles l’entendent dans un journal, en recul de six points sur un an. Suivent la presse écrite, 44% (-8), la télévision, 38% (-10), et Internet, 25% (stable).

Les journalistes arrivent en tête des acteurs « qui devraient agir contre la propagation des fake news » (à 37 %), devant les organes de contrôle des médias (35 %), les citoyens eux-mêmes (31 %) et le gouvernement (23 %). 69% des sondés estiment qu’ils ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir, et 62% qu’ils sont soumis aux pressions de l’argent.

L’écart générationnel est très net, que ce soit pour l’intérêt porté à l’actualité (49% des 18-24 ans, contre 74% des plus de 65 ans), ou pour les moyens de s’informer (53% des 18-24 ans s’informent en allant sur Internet avec leur smartphone, contre 2% des plus de 65 ans ; plus aucun des jeunes sondés ne cite l’écoute de la radio ou la presse magazine comme moyen d’information).

Les jeunes s’intéressent de moins en moins à l’actualité, en tout cas telle qu’elle est traitée dans les médias dits traditionnels. Moins de la moitié des 18-24 ans (49 %) prêtent intérêt aux nouvelles, quand près des trois quarts des plus de 65 ans témoignent d’une appétence moyenne voire grande (74 %). « Alors que les jeunes se tiennent au courant principalement par Internet, en passant le plus souvent par leurs smartphones (53 % des 18-24 ans, contre 2 % des plus de 65 ans), les plus âgés s’informent beaucoup plus rarement en ligne, et privilégient l’ordinateur » dans les commentaires qu’Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information à l’Institut français de presse.

La méfiance envers Internet se trouve également particulièrement marquée chez ceux qui l’utilisent massivement pour s’informer, puisque 67% des 18-24 ans ne lui accordent que peu voire pas de crédit. 42% des plus âgés n’ont pas d’opinion sur la fiabilité d’Internet, étant donné qu’ils pratiquent beaucoup moins ce média. 82% des sondés pensent qu’il est assez voire très important que les jeunes Français soient formés à rechercher sur Internet des informations vérifiées, et à déceler les “fake news“. Et pour 71%, c’est à l’Education nationale de s’en charger.

Interrogés sur leurs modes d’information lors de la crise sociale des gilets jaunes, les sondés citent dans l’ordre les journaux télévisés des chaînes généralistes (à 64 %, et très majoritairement chez les moins diplômés), suivi de la radio (à 38 % citée à 57% chez les cadres) et des chaînes d’infos (à 37 %), de Facebook (à 26% surtout chez les jeunes et les employés, lire page 5), des grands titres de la presse quotidienne (17 %, contre 31 % chez les cadres), des sites et application de la presse écrite (15 %), des médias uniquement en ligne comme Mediapart (à 6 %, et jusqu’à 10 % chez les plus diplômés).

Moins d’un-tiers des personnes interrogées (32%) estiment que le mouvement des “gilets jaunes” a été bien traité par les médias, quand plus de la moitié (51%) se disent insatisfaits de la couverture qui lui a été accordée, et 14% ont une opinion neutre. Par contre, 79% des sondés trouvent que les médias ont donné la parole à des personnes que l’on ne voit pas d’habitude à la télévision.

Sur le fond, un petit tiers des Français (32 %) se déclarent satisfaits de la couverture médiatique de cette crise sociale, alors qu’une moitié (51 %) la juge mauvaise. Il leur est reproché d’avoir dramatisé les évènements (à 67%), trop laisser s’exprimer un point de vue extrême (à 52%), ne pas avoir permis de « bien comprendre » (à 54%).

Des journalistes ont couvert le mouvement des gilets jaunes dans un climat d’hostilité inédit, dans lequel les critiques ont parfois tourné à l’insulte, la menace, l’agression physique. Une attitude que 23 % des sondés semblent justifier, tandis que 32 % la condamnent. Plus ambigu, 39 % ne la jugent « pas vraiment justifiée ».

Étude Kantar Sofres / Kantar Media réalisé en face-à-face du 4 au 8 janvier 2018, pour La Croix, auprès d’un échantillon national de 1000 personnes représentatif de l’ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence) et stratification par région et catégorie d’agglomération.

Baromètre 2021 de la confiance des Français dans les media