L’île dans les isles -L’elfe : portail disparu de Gouray Lodge. Photographie Olivier Meriel / Musée de Normandie – Ville de Caen

Le musée de Normandie présente l’exposition “L’île dans les isles” et accueille pour la première fois les œuvres du photographe Olivier Mériel.

Au 38 de la rue Hauteville, à Saint-Pierre-Port, Guernesey, s’élève la maison achetée par Victor Hugo grâce au succès en 1856 des « Contemplations ». Dans cette maison de l’exil, Victor Hugo donne libre court à un goût débridé pour une décoration surchargée. Il crée un univers fantastique ordonné selon ses directives et ses croquis en puisant dans les brocantes et antiquités de l’île.

Hauteville House avait déjà la réputation d’être hantée. Hugo entretient cette atmosphère en convoquant les esprits et parsemant son décor de devises et invocations obscures et énigmatiques. Dans cette ambiance étrange, de beaux jardins ouvrent sur le paysage marin et une petite pièce domine l’horizon. Ouvert par des parois vitrées, le «look out» donne sur le grand paysage marin des îles d’Herm, de Jethou et de Sercq et au loin sur les côtes du Cotentin. Hauteville House a abrité Victor Hugo et sa famille en exil pendant près de 15 ans, de 1856 à 1870. Elle constitue avec l’hôtel de Rohan-Guéménée situé place des Vosges à Paris, le seul musée qui offre un ensemble exceptionnel du patrimoine littéraire et artistique.

L’île dans les isles

Les îles anglo-normandes ont tout pour elles : le charme, leurs langues, l’histoire souvent tumultueuse qui les lient à la France et à l’Angleterre et une personnalité sans pareil. Du 15 février au 17 avril 2020, le musée de Normandie leur consacre son exposition « L’île dans les isles » et accueille pour la première fois les oeuvres du photographe normand Olivier Mériel.

Les îles de la Manche, « ces morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par les Anglais », sont pour le photographe des horizons longuement rêvés. Inspiré de toute une vie de souvenirs comme de nouvelles rencontres, il nous invite à suivre un itinéraire sensible à la découverte des rivages et des habitants des îles. Parfois aux frontières du réel, on saisit dans ces visages et ces paysages des visions fortes et attachantes, propres aux territoires des îles, et les liens entretenus avec constance entre toutes les rives de la Manche.

Les îles dans leur monde

Les îles des bailliages de Jersey et Guernesey sont des possessions que la couronne britannique conserve du temps où le duc de Normandie était roi d’Angleterre (1066-1204). En 1469, le roi de France Louis XI brisa l’anneau ducal mettant fin aux possibilités de reconstitution du duché. Mais depuis les traités de la Guerre de Cent Ans, les rois anglais avaient de leur côté définitivement renoncé aux terres de Normandie.

Demeurées possessions de la couronne britannique, les îles ont été d’un côté des objectifs visés par des raids français jusqu’à l’époque napoléonienne, de l’autre des ports pour la pêche dans la Manche ou au grand large, le cabotage ou le grand commerce, la marine de guerre ou les bateaux corsaires bien avant les paquebots, le fret et les ferrys des touristes.

Car l’histoire des îles est aussi celle d’un petit peuple de paysans et de marins aux traditions, usages et parlers longtemps très proches de ceux des côtes du Cotentin, situées à moins de 25 km. Ces modes de vie sont aujourd’hui ceux d’une société qui respire le grand air du Commonwealth britannique dans des territoires insulaires toujours jalousement gardés.

Commissariat de l’exposition : Jean-Marie Levesque, musée de Normandie/Château de Caen – Céline Ernaelsteen, Ardi-Photographies – Gilles Boussard, Ardi-Phographies

L’île dans les isles : Voyages dans l’archipel anglo-normand
Exposition du 15 février au 17 avril 2020

Musée de Normandie – Château de Caen

musee-de-normandie.fr