Cinq regards se posent sur Giverny

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« J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas… Je les cultivais sans songer à les peindre… Un paysage ne vous imprègne pas en un jour… Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle. »

Ces quelques mots de Monet sont révélateurs de la passion qu’il nourrissait à l’égard de son jardin, de ses fleurs et de son éblouissement, jardin qui est probablement l’un des sites les plus photographiés au monde.

L’exposition bucolique et romantique que propose le musée des Impressionnistes de Giverny laisse les toiles de maîtres de côté pour mettre en scène et en valeur cinq photographes contemporains de renommée internationale qui, en des circonstances particulières, ont pris des clichés des jardins de Monet, portant un regard inédit et livrant une vision aussi personnelle qu’originale de cette source inépuisable d’inspiration transformée pour l’occasion en espace d’expérimentation.

A travers quatre-vingt-dix œuvres, du petit au très grand format, en toute saison, sous tous ses angles, le jardin de Monet est revisité, scruté, modelé par la démarche artistique et la technique photographique de chacun de ces cinq artistes.

Stephen Shore, dont les premiers clichés se situent entre 1977 et 1982, témoignent des travaux de restauration du lieu et nous fait découvrir l’évolution qu’il a subi.

Les quatre autres photographes se sont appropriés le jardin plus récemment, de 2010 à 2012.

Darren Almond lui préférant les premières lueurs de l’aurore avant le lever du soleil, tandis qu’Henri Foucault a analysé chaque brindille, feuille et détail de végétation qu’il a soumis à la lumière du photogramme nous livrant non seulement un aperçu très technique en noir et blanc mais également de grands formats où la photographie sait se faire sculpture.

Sous le titre « Nocturnes à Giverny », Elger Esser a réuni ses photos réalisées dans la pénombre et le mystère de la nuit dont la quiétude et la sérénité de l’obscurité imposent un indéniable impact poétique. C’est la saison hivernale qui a inspiré Bernard Plossu, sa solitude, lorsque tout son éclat est retombé, que les fleurs, beautés éphémères, se sont fanées, laissant vides parterres et allées.

Outre la qualité des images, découvrir le jardin de Monet à travers ces cinq approches talentueuses fait de cette exposition un moment où le temps suspend son vol ; lumières et reflets nous entraînent dans une immersion artistique nous prouvant de l’immortalité de Monet.

L’ombre du Maître plane sur le Musée des Impressionnistes de Giverny.