Yves Saint Laurent et Mondrian
Yves Saint Laurent et Mondrian

Le Musée Yves Saint Laurent présente une sélection inédite d’une cinquantaine de modèles haute couture qui aborde deux créations majeures d’Yves Saint Laurent : les célèbres robes Mondrian et les robes réalisées en collaboration avec l’artiste Claude Lalanne.

À partir du 12 février 2019, le nouveau parcours Musée Yves Saint Laurent Paris abordera particulièrement deux créations majeures d’Yves Saint Laurent : les célèbres robes Mondrian (automne-hiver 1965) et les robes réalisées en collaboration avec l’artiste Claude Lalanne (automne-hiver 1969). Une sélection inédite d’une cinquantaine de modèles haute couture sera présentée sur la totalité de ses espaces d’exposition.

« Pour moi, faire d’un Mondrian ou d’un Poliakoff une robe, c’est mettre leur toile en mouvement (…) Poliakoff et Mondrian m’ont apporté un rajeunissement et un rafraîchissement extraordinaires : ils m’ont appris la pureté, l’équilibre. » Yves Saint Laurent

Mondrian

« Révolutionnaire », c’est le terme utilisé par le Women’s Wear Daily pour qualifier la collection automne-hiver 1965 dont le style moderne et avant-gardiste marque les esprits. Ce succès s’appuie principalement sur une série de robes, inspirées des peintres Serge Poliakoff (1900-1969) et surtout Piet Mondrian (1872-1944). En s’inspirant du livre sur Mondrian offert par sa mère, Piet Mondrian, Sa vie, son œuvre (Michel Seuphor, 1956), Yves Saint Laurent présente lors de son défilé haute couture automne-hiver 1965, vingt-six modèles inspirés du peintre hollandais sur les cent six que compte le défilé. Il jette ainsi, les bases d’une esthétique épurée privilégiant la simplicité de la coupe et la géométrie des lignes. Ces robes vont dès lors modifier les liens entre la mode et l’art, en transformant un tableau en une œuvre animée. En affirmant sa volonté de se confronter aux artistes fondamentaux de la modernité, Yves Saint Laurent participe à la popularité du peintre hollandais jusqu’alors peu connu du grand public. Le succès est tel que les robes Mondrian sont extrêmement copiées, notamment aux États-Unis.

Aujourd’hui ces robes iconiques ont pénétré le champ de la culture populaire jusqu’à devenir l’objet de réinterprétations par les artistes contemporains dont certaines œuvres sont présentées dans le parcours.

Pour son nouvel accrochage, le Musée Yves Saint Laurent Paris consacre une importante section à la présentation de cette collection et analyse son héritage au delà de l’histoire de la mode.

Claude Lalanne

Les robes Mondrian marquent le début du « dialogue avec l’art » que le couturier poursuit avec Pablo Picasso, Vincent van Gogh, Georges Braque, Henri Matisse, Fernand Léger ou Pierre Bonnard. Si dans ses collections, Yves Saint Laurent rend ainsi hommage à de nombreux artistes, c’est seulement avec le sculpteur Claude Lalanne qu’il collabore réellement, d’abord à l’occasion de l’automne-hiver 1969 avec deux robes particulièrement marquantes, et plus tard avec la création de nombreux bijoux-sculptures qui accompagnent ses collections.

Cinquante ans après la présentation de l’automne-hiver 1969, le Musée Yves Saint Laurent Paris met à l’honneur la collaboration entre Yves Saint Laurent et Claude Lalanne pour les collections de haute couture. Pour cette première contribution, le sculpteur réalise des moulages de la poitrine et du ventre de l’un de ses mannequins. Ces cuirasses anthropomorphes en cuivre galvanique viennent orner deux robes de mousseline vaporeuse, bleue et noire qui suscitent l’enthousiasme du public : « Ce n’est plus le corps lui-même, mais le corps sculpté que les robes d’Yves Saint Laurent veulent mettre en valeur. S’il a divisé les spécialistes en proposant pour cet hiver ses robes à mi-mollet, il a, en revanche, fait l’unanimité avec ses robes de soir moulées » (Paris Match, 1er septembre 1969).

Robes du soir pourvues d’éléments sculptés créés par Claude Lalanne. Collection haute couture automne-hiver 1969. © Yves Saint Laurent / photo Alexandre Guirkinger
Robes du soir pourvues d’éléments sculptés créés par Claude Lalanne.
Collection haute couture automne-hiver 1969. © Yves Saint Laurent / photo Alexandre Guirkinger

« Pour moi, elle a créé des bijoux et des sculptures que j’enroulais autour de mes mannequins. (…) Ce qui me touche en elle, c’est d’avoir su réunir dans la même exigence l’artisanat et la poésie. Ses belles mains de sculpteur semblent écarter les brumes du mystère pour atteindre les rivages de l’art ». Yves Saint Laurent

Un nouveau regard sur les grands thèmes

Pour cette présentation, le Musée Yves Saint Laurent Paris renouvelle également le reste de son parcours muséal, pour permettre aux visiteurs de mieux appréhender le caractère intemporel du vestiaire créé par le couturier. Pour la première fois, une section entière est consacrée à la photographie de défilé, à travers le travail du photographe Claus Ohm.

Durant toute sa carrière, les créations d’Yves Saint Laurent ont été immortalisées par les plus grands photographes de mode comme Helmut Newton, Guy Bourdin, David Bailey, Jeanloup Sieff ou David Seidner qui ont réalisé de célèbres campagnes de publicité ou de presse pour la maison de couture. Si de nombreux ouvrages ou expositions ont été consacrés à leur travail, les photographies prises durant les défilés ont rarement fait l’objet de présentation spécifique. À travers une sélection de quinze tirages, le Musée Yves Saint Laurent Paris met en avant le travail de Claus Ohm qui a collaboré avec la maison de couture de 1976 à 1997.

L’histoire de la mode revisitée

La nouvelle présentation du musée propose de renouveler cette lecture portée sur l’œuvre d’Yves Saint Laurent. La sélection des œuvres souligne le lien de certaines robes du couturier avec la représentation du costume d’époque dans la peinture. Ainsi les broderies d’une robe de soir de la collection automne-hiver 1997 rappellent les peintures d’Hans Holbein ou de Jean Fouquet. La robe de mariée de la collection haute couture automne-hiver 1989 (ill.15) fait figure de Madone échappée d’un tableau de la Renaissance italienne et évoque particulièrement les représentations de la Vierge par le peintre Sandro Botticelli tandis que celle réalisée l’année suivante fait référence au célèbre tableau Les Ménines de Diego Vélasquez. Les tenues d’inspiration 1910, 1920, 1930 et 1940 rappellent, quant à elles, l’idéal cinématographique de la diva, Greta Garbo, Rita Hayworth, ou Ava Gardner.

Photo : © Yves Saint Laurent – photo : François Lamy/Saif

Musée Yves Saint Laurent Paris
5 avenue Marceau
75116 Paris

https://museeyslparis.com