L’Humour à mort, l’Humour jusqu’à la mort

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L’humour à mort
L’humour à mort

Le documentariste Daniel Leconte vient, dans son dernier film projeté au Festival du film de Toronto, de rendre un vibrant hommage aux victimes de Charlie Hebdo. L’assassinat de Charb, Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, ces combattants de la liberté d’expression foudroyés dans leur salle de rédaction transformée en champ d’honneur, avait ému la France entière. « L’Humour à mort » raconte les dernières années du journal, ses derniers mois, les dernières paroles, interviews, les derniers souvenirs laissés par une équipe dont l’un des leaders, Charb, disait : “On a le droit de ne pas trouver drôle ou de trouver énervant un dessin, un propos, une parole. Mais on peut répondre par un dessin, un propos, une parole. On n’est pas obligé de déclarer la guerre et d’éliminer physiquement son détracteur“.

Ces quelques mots, il nous les redit, face à la caméra, ajoutant : “En cas de pépin, je sais que des gens sont capables de se mobiliser pour la liberté d’expression“. Mais ici, pas de malaise, juste de la complicité, celle qui unissait les dessinateurs à Daniel Leconte qui les avait filmés en 2007 pour son documentaire “C’est dur d’être aimé par des cons”, sorti lors du procès intenté à Charlie Hebdo pour avoir reproduit les caricatures de Mahomet.

J’avais envie de faire un film hommage. C’était très important de montrer la perte“, a expliqué le réalisateur, car ces caricaturistes, “c’est un patrimoine“. Le souhait du réalisateur était, “rétrospectivement, pour ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de les aimer pour ce qu’ils faisaient, d’avoir l’opportunité de les apprécier en les retrouvant dans un film“. Le film démarre le 11 janvier, jour de résistance où des millions de personnes envahissent les rues parisiennes pour dire NON aux attentats jihadistes et à la violation de la liberté d’expression. S’opèrent ensuite un ballet de va- et- vient entre 2006 et ces événements.

Les dessinateurs Coco et Riss témoignent, se souviennent en pleurant, le directeur financier du journal Eric Portheault, l’avocat Richard Malka, le journaliste Antonio Fischetti et le rédacteur en chef Gérard Biard interviennent et racontent. “Je ne voulais pas commencer par le drame mais par la résistance le 11 janvier, et traiter tout le reste en miroir ; j’ai voulu faire un film vite pour opposer leur vérité, leur point de vue à tout ce qui se disait autour “, explique Daniel Leconte.

Le film est parsemé de leurs dessins caricaturaux, montre les journalistes chantant dans un karaoké ou encore multipliant les plaisanteries. “Je m’en fous, je suis immortel“, lance un personnage sur un dessin de Wolinski. Les témoins se souviennent d’anecdotes : “Cabu? Il aimait comme vertu l’enthousiasme”, dit Riss. “Tignous? Il nous faisait marrer”. On revit la fabrication du numéro post-attentats, les événements qui ont suivi, on réécoute avec émotion les paroles des philosophes Elisabeth Badinter ou Soufiane Zitouni, et on profite surtout des images des dessinateurs disparus qui, certes, nous émeuvent mais qu’il fait bon voir revivre.

Evidemment, depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, l’esprit vertueux et empli d’espoir du 11 janvier a été fissuré par les querelles internes et les guerres de succession qui ont touché Charlie Hebdo et qui ont été révélées aux yeux de tous, mais l’histoire continue et « L’humour à mort » n’a pas pour but de prendre parti mais juste de profiter une nouvelle fois des moments que nous a fait vivre cette inoubliable, unique et talentueuse équipe.

Long-métrage de Daniel Leconte, Emmanuel Leconte
Produit par Film en stock
Sortie en France : 16/12/2015

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Charlie Hebdo