La Manche célèbre La Paix et la Libération de la France

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La Manche
La Manche

Il y a 75 ans, des centaines de milliers de combattants se préparaient à monter dans des avions, s’apprêtaient à embarquer dans des bateaux à destination d’un pays qu’ils ne connaissaient pas – la France –, d’une région et d’un département dont ils n’avaient que peu entendu parler – la Normandie et la Manche.” Marc Lefèvre

L’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ne peut se résumer aux seuls évènements du Débarquement. Ces semaines de combats acharnés et libérateurs, ces sacrifices et ces destructions, causes de traumatismes et de soulagement mélangés, ne peuvent et ne doivent occulter les quatre années qui les ont précédées et qui ont entraîné une rupture des références dans l’histoire de l’humanité. Mais c’est bel et bien au travers de cette Libération de 1944 et des célébrations qui en sont faites que se réalisent la transmission de la mémoire, le partage des valeurs fondamentales de paix, de liberté, de réconciliation, de justice, de dignité humaine et de fraternité. Aussi, une nouvelle fois, à l’occasion des célébrations du 70e anniversaire du Débarquement et de la Libération et au travers des différents temps commémoratifs et intergénérationnels qui auront lieu durant l’été 2014, le département de la Manche veut rappeler qu’il restera une vigie contre l’oubli et continuera de témoigner de l’indéfectible reconnaissance et l’infinie gratitude de ses habitants pour les Alliés. Mais avant sa Libération, la population manchoise a successivement dû faire face à la mobilisation de 1940, au traumatisme de la défaite, à l’arrivée du nouveau régime de l’État français de Vichy, au départ des prisonniers de guerre pour l’Allemagne, à la dense occupation des soldats allemands dans les foyers, aux difficultés du ravitaillement, à la vie chère, aux restrictions, au marché noir, aux brimades, aux interdictions, aux réquisitions, à la déportation d’une partie de la main d’oeuvre et à la déportation raciale, avant que la réussite du Débarquement allié et la Libération du territoire (6 juin 1944 – 14 août 1944) ne laisse place à la lente Reconstruction.

« Le débarquement le 6 juin 1944 en Normandie, a mis fin à cinq années terribles d’une guerre mondiale sans précédent. Grand témoin de cette bataille, la Manche célèbrera en juin 2019, 75 années de Paix et de Liberté retrouvées. Elle honorera les vétérans et la mémoire de leurs frères d’arme, à l’occasion de nombreux évènements organisés dès le mois d’avril et jusque la fin de l’année. Expositions, cérémonies, parachutages, reconstitutions, festivals de films, inaugurations de monuments ont aussi vocation, pour le Département, à développer la transmission de la mémoire notamment auprès des plus jeunes. » Marc Lefèvre, Président du conseil départemental de la Manche depuis novembre 2017. Marc Lefèvre a été maire pendant presque 30 ans de Sainte-Mère-Eglise, un des premiers villages français du continent libéré.

Le Débarquement, que l’on sait inéluctable en 1944, est souhaité et espéré avec hâte. Après celui en Afrique du Nord puis en Italie, on l’attend partout sur le territoire métropolitain français et notamment dans le Pas-de-Calais suite au succès de l’opération d’intoxication Fortitude. Mais c’est en Normandie qu’auront lieu les opérations Neptune (plan de débarquement en Normandie) et Overlord (plan de libération de l’Europe). Les bombardements pourtant annonciateurs effectués dans la région les mois précédents, n’ont pas alerté outre mesure les Manchois sur le fait que leur sol pouvait être le théâtre du plus grand débarquement de l’histoire militaire. Durant la nuit du 5 au 6 juin, 2 000 bombardiers environ déversent près de 8 000 tonnes d’engins explosifs sur les batteries d’artillerie allemandes de la zone d’assaut. L’histoire du Jour J est avant tout celle de soldats alliés, parachutés au milieu de nulle part, devant défendre des lieux jusque-là ignorés d’eux, dans une configuration de terrain tout à fait défavorable. Les troupes aéroportées tentent de s’assurer du contrôle d’une série de lieux stratégiques, aux deux extrémités de la zone de débarquement. À l’est, les Britanniques réussissent leur coup de main sur les ponts de l’Orne et de son canal, entre Caen et la mer. À l’ouest, en dépit d’un largage rendu difficile sur le Cotentin de la 101e et de la 82e Airborne, les Américains s’emparent du bourg de Sainte-Mère-Église et des sorties de la plage d’Utah Beach. Ce largage avait pour objectif d’établir des points d’appui, protéger la zone de débarquement et couper la route vers Cherbourg, empêchant les Allemands d’envoyer des renforts vers ce qui était l’un des premiers objectifs des Alliés. Cinq secteurs de débarquement avaient été définis. Utah et Omaha, situés de part et d’autre de l’estuaire de la Vire, dans la baie des Veys, et trois secteurs baptisés Gold, Juno et Sword, qui s’étendent d’Arromanches à Ouistreham. Pas moins de 4 000 péniches de débarquement, accompagnées par 700 navires d’escorte, vont déverser sur les plages, puis dans les ports artificiels créés en un temps record, des troupes anglaises, canadiennes et américaines. Celles-ci prennent pied sur le sol normand et s’y maintiennent, malgré la riposte vigoureuse allemande. La Libération de tout le département de la Manche est entamée au prix de lourds sacrifices.

Le Jour J : 6 juin 1944, les troupes alliées débarquent sur les plages normandes
Le Jour J : 6 juin 1944, les troupes alliées débarquent sur les plages normandes

Le Lourd bilan de la Libération pour la Manche

Les sacrifices en vies humaines chez les Alliés sont à la mesure de l’immense générosité mise en oeuvre pour rétablir les valeurs de paix, de liberté, de tolérance et de démocratie en Europe. Mais la Manche a aussi ses plaies à cicatriser : 3 295 victimes civiles ont été répertoriées entre le 6 juin et le 14 août 1944, c’est à dire entre le début du Débarquement et la fin de la Libération du département. À l’automne 1944, parmi les nombreux habitants qui rentrent d’exode, partagés entre la liesse de la délivrance et l’espoir naissant du relèvement du pays, émerge ce sentiment ambigu que la Libération salvatrice a aussi fait d’eux des déshérités. On pleure les morts, on relève les blessés, on chiffre les pertes immenses. À maintes endroits, la vision du quotidien est devenue celle de maisons trouées et branlantes au coeur d’un hallucinant chaos de ruines, celle de routes et de champs défoncés. Saint-Lô, détruit à plus de 95 % est portée au rang de « Capitale des ruines ». Ils seront nombreux dans ces heures d’infortune, à se voir contraints de faire appel à la générosité de parents, d’amis, à la charité d’inconnus que le sort a épargnés. Reconstruire, certes. Mais les matériaux manquent et à l’approche de l’hiver, le problème du logement immédiat se pose de façon urgente. Il faut donc commencer par songer aux mesures provisoires. Que l’on soit un particulier ou une collectivité, chacun entame alors une véritable course au financement et aux aides, se retrouvant bien souvent égaré dans le dédale d’une administration française, elle aussi en pleine réorganisation. La Reconstruction, tâche immense, commence.

Les opérations liées au Débarquement en Normandie ont impliqué une grande partie de l’Europe. La période qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale a vu le visage du vieux continent se transformer. En effet, au lendemain du 8 mai 45, l’Europe est, en partie, détruite et son économie sinistrée. C’est pourquoi, face aux géants soviétique et américain, l’Europe n’a qu’une possibilité : s’unir. Ceci afin de retrouver sa place dans le monde et s’assurer une paix durable.

Toutes les informations sur cette commémoration : https://www.debarquement-manche.fr/