Impact de la crise sanitaire covid-19 sur l’economie des galeries d’art
Impact de la crise sanitaire covid-19 sur l’economie des galeries d’art - Photo : http://www.comitedesgaleriesdart.com/

Le Comité professionnel des galeries d’art a réalisé une étude auprès de ses 279 galeries adhérentes afin d’évaluer l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur leur économie à court et moyen termes.

Le Comité professionnel des galeries d’art a réalisé une étude auprès de ses 279 galeries adhérentes afin d’évaluer l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur leur économie à court et moyen termes. Le résultat rend compte de la fragilité d’un grand nombre de galeries d’art, 1/3 d’entre elles pouvant ne pas réussir à maintenir leur activité au 2nd semestre 2020. Cela témoigne que le secteur nécessite un plan de relance fort, un important soutien du marché par les collectionneur·euse·s, et un écosystème préservé. Il convient de rappeler que 85% des galeries d’art sont des TPE employant moins de 5 salarié·e·s et que 52% des galeries déclarent un chiffre d’affaires inférieur à 41 600 € mensuels (500K€ annuels). L’économie de ces petites structures est liée à l’évolution générale du marché, leur chiffre d’affaires dépendant immédiatement du comportement des collectionneur·euse·s. De plus, par rapport à d’autres secteurs, les galeries ont besoin de s’internationaliser pour se développer et assurer la promotion de leurs artistes, ce qui les rend plus dépendantes de la conjoncture mondiale.

Pour le monde de l’art, le printemps est une saison haute qui s’amorce en mars. 74% des galeries se sont engagées dans 2 ou 3 foires en moyenne sur le 1er semestre 2020. Ainsi, à l’absence totale de ventes viennent s’ajouter des pertes pour l’organisation d’expositions dans les galeries et des pertes liées à l’annulation ou l’interruption de certaines foires. La trésorerie immobilisée par ailleurs pour les foires reportées à des dates pour le moment incertaines, contribue à mettre les galeries dans une position financière extrêmement inquiétante. Le cumul du manque à gagner et des pertes représente jusqu’à plus de 184 M€ pour l’ensemble des galeries du CPGA de février à juin.

PLUS D’UN TIERS DES GALERIES RISQUENT DE FERMER DANS LES 12 PROCHAINS MOIS

A la différence d’autres secteurs, le marché de l’art souffre immanquablement d’un décalage conséquent entre la fin de la crise et le début de la relance. L’histoire récente l’a démontré, dans le secteur du marché de l’art, les pertes immédiates ne seront pas compensées par une reprise rapide de l’activité. Lors de la crise du marché de l’art de 1991, 46% des galeries ont fermé entre 1990 et 1994 : la reprise ne fut amorcée qu’à partir de 1995 et ce n’est qu’en 1998 que les deux tiers des galeries redevinrent excédentaires. Un chiffre d’affaires médian de 1M€ à 3M€ n’implique pas forcément de bénéfice ou de trésorerie disponible compte tenu du poids important des charges (loyers, salaires) et des frais de promotion (expositions, foires, production). Sans plan de relance à moyen et long termes, il est à prévoir la fermeture 1/3 des galeries françaises dans l’année à venir, conséquence directe de la crise sanitaire 2020.

DES ARTISTES EN DANGER

L’absence de ventes et le risque de fermeture des galeries ont un impact direct sur les artistes Une galerie représente en moyenne 23 artistes, ce qui équivaut, uniquement pour l’ensemble des 279 galeries du CPGA, à 6 515 artistes, dont 92 % d’artistes vivant·e·s qui dépendent donc directement des revenus des ventes en galeries.

L’ATTRACTIVITÉ CULTURELLE DE LA FRANCE AFFAIBLIE

Les galeries françaises, espaces gratuits, ouverts à tout·e·s et tenues par des professionnel·le·s à l’expertise de renom, constituent une offre culturelle dont la diversité et la richesse participent largement à l’excellence de la France. Valorisée par le tourisme et les foires internationales, la programmation des galeries d’art offre un pendant à celle des musées français et est le témoin incontestable de l’art de notre époque. La valeur économique des marchand·e·s d’art et des organisateur·rice·s de foires et expositions d’art a été estimée à 2 835 000 000 € (Etude EY en 2015). Première destination touristique mondiale, la France attire 89 millions de visiteur·euse·s internationaux, grâce à la richesse de son patrimoine et la diversité de ses attractions culturelles. Les retombées directes des Industries Créatives et Culturelles au sens large valent 2,327 milliards d’euros sous forme de billetterie (musées, spectacles…) et les retombées indirectes des séjours culturels sont quant à elles estimées à 32,5 milliards d’euros ; le secteur des arts visuels représentant à lui seul 86%, soit 2 milliards d’euros.

Marion Papillon, Présidente du Comité professionnel des Galeries d’Art (CPGA)

Les galeries, espaces gratuits, ouverts à tous et tenus par des professionnels à l’expertise de renom, constituent une offre culturelle dont la diversité et la richesse participe à l’excellence de la France. La richesse et la diversité de la programmation des galeries d’art offre un pendant complémentaire à celle des musées et centre d’art français, elle est le témoin inestimable de l’art de notre époque, et aujourd’hui un réel vecteur du tourisme culturel.

En cette période économique chaotique et durable, le rôle du CPGA est d’accompagner au mieux les galeries d’art pour faire face aux difficultés financières, conjoncturelles et réglementaires. Préserver le tissu des galeries d’art françaises contribue à soutenir les artistes qu’elles représentent, mais aussi l’ensemble de l’écosystème. Le CPGA a toujours œuvré pour que l’ensemble des acteurs des arts visuels collaborent et fassent valoir non seulement leur poids économique important (par rapport à d’autres secteurs culturels), mais souligne aussi continuellement l’implication de chacun pour soutenir la création et la promotion de l’art.

Le CIPAC, la Fédération des professionnels de l’art contemporain, a aussi lancé dès le 16 mars dernier une grande enquête afin de mesurer les retombées en temps réel sur le milieu de l’art. Tout au long de cette crise, le CIPAC s’engage à défendre les intérêts des travailleurs de l’art et en appel à la solidarité et à l’engagement de tous : institutions, ministères, régions… pour soutenir les plus vulnérables.

Le CIPAC, a pris l’initiative de concevoir et diffuser une enquête, afin de mesurer les retombées immédiates de cette crise sanitaire sans précédent sur notre écosystème. Nous nous réjouissons que de nombreuses organisations nous aient rejoint dans cette démarche en diffusant largement ce questionnaire, comme nous nous réjouissons des échanges fructueux et initiatives communes menées avec les organisations syndicales et professionnelles du secteur des arts visuels et du spectacle vivant. Notre mobilisation est la nécessaire condition d’un diagnostic constructif pour faire surgir des idées, des propositions, des pistes pour l’avenir de notre secteur et devenir les acteurs de notre propre changement. Nous ne pouvons qu’être optimistes face à cet élan commun aujourd’hui à l’œuvre et nous saurons en tirer tous les enseignements. Il nous appartient de faire cause commune. Au travail et prenons soin de nous, de vous. » Pascal Neveux Président du CIPAC

Source : le Comité professionnel des galeries d’art et la Fédération des professionnels de l’art contemporain