Josée Dayan, la réalisatrice aux 100 films fait sa rentrée sur France 3. Le 15 septembre la chaîne diffusera son dernier téléfilm « Capitaine Marleau » avec en guest son célèbre ami et partenaire Gérard Depardieu pour le pilote de cette nouvelle collection. Autant aimée que redoutée, cette passionnée de 67 ans continue d’enchaîner les projets sans aucun temps mort.

Comment est né le projet du « Capitaine Marleau » ?

Après avoir travaillé à plusieurs reprises avec Corinne Masiero et avoir créé ce personnage dans la mini-série « Entre vents et marées », on a tout simplement eu envie de recentrer autour de ce capitaine et des enquêtes.

C’est un peu grâce à son rôle du lieutenant Violette Retancourt que vous avez imaginé Corinne Masiero dans celui du capitaine ?

Je l’ai rencontrée à l’occasion de Vargas et j’ai eu envie de retravailler avec elle. On a aussi tourné ensemble dans d’autres films où elle n’était ni gendarme, ni flic. J’avais envie qu’elle soit dans « Entre vents et marées », de l’avoir face à Muriel Robin et Nicole Garcia. Quand on a vu naître ce personnage, quand on l’a sculpté au fur et à mesure et qu’il nous est apparu, on s’est dit qu’il serait intéressant d’avoir une collection dont elle serait l’héroïne.

Pour ce nouveau téléfilm vous vous êtes entourée d’acteurs avec lesquels vous aviez déjà travaillé (Gérard Depardieu, Corinne Masiero, Hélène Vincent…), ce choix vous est apparu comme une évidence ?

Bien sûr. Le principe de cette collection c’est d’avoir toujours Corinne face à de très grands acteurs et je trouve ça généreux de la part de Gérard d’avoir accepté d’ouvrir cette série, de faire le pilote. Lui mais aussi Hélène Vincent, Jean-Claude Drouot, Jean Benguigui, quand j’ai imaginé les personnages j’ai tout de suite pensé à tous les acteurs. Quand vous lisez un scénario et que vous réfléchissez au climat général que vous voulez donner à votre film, le casting est l’élément primordial. Si on choisit une actrice comme Hélène Vincent pour jouer le rôle de Blanche, c’est évident qu’elle apportera une couleur différente d’une autre comédienne. C’était la musique d’Hélène Vincent qui m’intéressait, la présence de Gérard, son talent, son émotion. Je trouvais que Benguigui casserait un peu le rythme du film. Il y avait longtemps aussi qu’on n’avait pas vu Jean-Claude Drouot et je pense qu’il est très intéressant dans ce personnage. Ils sont uniques dans ce qu’ils donnent et l’osmose de tous ces personnages réunis produit l’équilibre qui fait le film.

Vous avez précisé dans une interview pour France 3 que le film porte plus sur les rapports humains que sur le meurtre en lui-même.

Comme dans « Colombo » le meurtre est dès le début du film et on voit très bien que ce n’est pas Gérard Depardieu qui a commis le crime mais c’est lui le suspect principal. Donc l’intérêt du film ce n’est pas de savoir s’il est vraiment suspect, coupable ou pas, puisqu’on sait qu’il ne l’est pas. Ce qui est important ce sont les rapports humains qui se dégagent.

« Je suis quelqu’un qui essaie en permanence de varier, de ne pas rester sur la même ligne »

La musique du « Capitaine Marleau » a été composée par l’artiste Catherine Lara. Ce n’est pas la première fois que vous travaillez ensemble, votre collaboration va-t-elle continuer ?

J’aime bien Catherine on se connaît depuis de nombreuses années. C’est elle qui a fait les musiques du film « Entre vents et marées » et je pense qu’elle continuera à faire les musiques du « Capitaine Marleau », il faut que ça corresponde. En revanche elle ne fera pas forcément la musique de mes autres films, chaque œuvre possède son propre univers. Je viens de terminer un film pour France 2, « La Tueuse caméléon » avec Catherine Frot et j’ai demandé à Bruno Coulais, avec qui j’ai travaillé sur d’autres films notamment « Le Comte de Monte-Cristo », de composer la musique. C’est en fonction du film et de son univers.

Vous avez réalisé une centaine de productions, on remarque beaucoup de polars dans votre filmographie, est-ce votre genre de prédilection ?

Non pas vraiment, j’ai fait pas mal de polars mais « Le Comte de Monte-Cristo », « Balzac », « Les Rois maudits », « Les Misérables », « Cet amour-là », « La Mauvaise Rencontre », « Les Parents terribles »… Tous ces films ne sont pas des polars. Là j’ai fait trois polars mais après je ferai peut-être autre chose je ne sais pas. Ce sont surtout des périodes, des désirs, des opportunités… Je suis justement quelqu’un qui essaie de varier, ne pas rester dans une ligne unique.

Seulement deux films de cinéma à votre actif, « Plein Fer » (1990) et « Cet amour-là » (2001), bientôt un troisième ? L’adaptation du roman « Le Sosie de la morgue » de Claude Luxel ?

J’en prépare un troisième, « Le Sosie de la morgue » est le titre du roman mais nous l’avons changé pour le film, un titre provisoire. Il y aura de nouveau Gérard Depardieu, Fanny Ardant également, et c’est écrit par Jean-Loup Dabadie. Mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant !

Vous êtes d’ailleurs une amie proche de Gérard Depardieu, ce genre d’amitié est-elle passionnante ?

Je l’aime et je l’admire beaucoup. C’est un homme exceptionnel, un acteur magnifique mais surtout un artiste. Il a une personnalité tellement particulière, à la fois drôle et généreux, c’est formidable d’avoir un ami comme lui. Il arrive toujours à me surprendre et c’est la personne qui me fait le plus rire, je n’ai jamais autant ri qu’avec Gérard j’ai toujours mal aux côtes après de longs tournages avec lui. Quand le tournage se termine il y a une vraie mélancolie qui s’installe, c’est quelqu’un qui manque et c’est vraiment une chance pour moi de l’avoir. Ça a modifié beaucoup de choses chez moi. C’est surtout une amitié, une estime, je crois qu’il aime bien collaborer avec moi. Quand il s’entend bien avec quelqu’un c’est la personne la plus disponible et c’est très agréable de travailler avec lui.

Cette amitié dure depuis presque 20 ans, comment s’est passé votre première rencontre ?

Je l’ai rencontré en 1997, un an avant le tournage du « Comte de Monte-Cristo ». C’est lui qui m’a appelée car il voulait que je réalise ce film donc j’ai été très bouleversée. Elisabeth Depardieu avait tourné avec moi juste avant dans « La Rivière Esperance » et m’avait dit : « Je suis sûre que Gérard et vous vous entendriez très bien, votre façon de tourner etc. je crois que c’est vraiment quelque chose qui lui plairait. » Elle a dû lui en parler, il a vu « La Rivière Esperance » et il m’a appelée. Après on a eu le « coup de foudre » artistique.

« Ne veux pas plaire à tout prix, m’est égal !»

Dans votre travail vous êtes connue pour laisser assez de liberté aux acteurs, c’est important pour vous de ne pas les enfermer dans des cases ?

Je laisse le champ libre à l’intérieur de l’histoire que je veux raconter et du ton que je veux donner au film. J’aime que quelque chose m’étonne, ne pas mettre les comédiens dans des carcans, j’aime que leur background intervienne aussi en fonction de l’histoire, de ce qu’on veut raconter, car c’est là qu’il y a de la chair. Je pense que c’est en partie grâce à cette liberté, ce rapport aux acteurs, qu’on arrive à la justesse.

On entend souvent dire que vous êtes « admirée et crainte à la fois », qu’en pensez-vous ?

C’est naturel je suis comme ça. Ça pose surement des problèmes, mais je m’en fous je suis comme je suis. Ce que je dis peut paraître prétentieux mais ça ne l’est pas : je pense que les gens intelligents savent très bien qui je suis et si certaines personnes sont choquées par moi c’est qu’ils sont cons alors je m’en fous. Je ne veux pas plaire à tout prix ça m’est égal. Je me souviens quand j’ai débuté je faisais des films pour un producteur et je n’arrivais pas à comprendre, il voulait séduire systématiquement, il aurait fait du charme à un bouton de porte ! Si je séduis certaines personnes c’est parce qu’ils perçoivent chez moi des choses qui peuvent leur plaire mais je ne vais pas faire l’effort de me modifier. Néanmoins je suis très sensible à l’appréciation des gens que j’aime et que j’admire. Je ne voudrais pas blesser quelqu’un qui m’est cher ou qu’il me juge de façon trop sévère, je serais anéantie. Les gens qui me sont indifférents peuvent bien me détester, je m’en fous. Propos recueillis par Camille Lambert et  Jean-Marc Lebeaupin

Diffusion le mardi 15 septembre 2015 à 20h50 sur France 3

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Photo : Leny Stora/Passions Film