dentelle ornaise
dentelle ornaise

Deux institutions conjuguent leurs collections, afin d’offrir une exposition originale sur tout le savoir-faire de la dentelle à l’aiguille.

Depuis le XVIIe siècle, la dentelle ornaise est entièrement réalisée à la main avec une aiguille, du fil de lin ou de coton, du crin de cheval et un support provisoire en parchemin, selon une chaîne opératoire composée d’une douzaine d’étapes.

La dentelle à l’aiguille n’a cessé d’évoluer pour s’adapter au goût changeant des grands de ce monde. D’abord Point de France, arborant des champs de brides à picots, les dentelles se parent à partir du début du XVIIIe siècle de champs de brides, formant un maillage hexagonal régulier plus ou moins large, ou de champs de réseau, ressemblant à un tulle très fin. Vers la fin du XVIIIe siècle, les ouvrages à champs de brides commencent à être appelés « point d’Argentan » et les dentelle à champs de réseau « point d’Alençon », en raison de la spécialisation de ces deux cités dentellières. Elles ont cependant fabriqué tous les champs jusqu’au début du XIXe siècle. Ces « étiquettes » permettent de distinguer les différentes formes de la dentelle ornaise mais pas leur lieu de production.

D’un point de vue purement technique, la seule variation des champs ne suffit pas à créer une dichotomie au sein de la chaîne opératoire commune aux points d’Alençon et d’Argentan. L’emploi de la bride ou du réseau a toutefois une véritable incidence sur le traitement du programme décoratif.

Ainsi, il est possible de considérer le recours à la bride ou au réseau comme une réponse technique au service d’un effet esthétique. Dentelles jumelles, les points d’Alençon et d’Argentan peuvent être envisagés comme des variations esthétiques subtiles admises au sein d’un vaste ensemble technique homogène depuis le début du XVIIIe siècle continuellement soumis aux caprices de la mode. Malgré l’inexorable déclin des dentelles manuelles au XXe siècle, la conscience patrimoniale partagée par une pluralité d’acteurs a permis à ce savoir-faire dentellier remarquable, né dans l’Orne il y a près de quatre siècles, de perdurer à Alençon et à Argentan. Les dentellières de l’Atelier conservatoire national du Point d’Alençon du Mobilier national et les sœurs bénédictines de l’abbaye Notre-Dame d’Argentan œuvrent à la préservation de cet art pluriséculaire pour que ne s’éteigne pas la mémoire des « jolies Ornaises », les dentelles aux points d’Alençon et d’Argentan. Elles demeurent ainsi une source d’inspiration pour les artistes contemporains.

Le savoir-faire de la dentelle à l’aiguille est inscrit dans l’ADN du territoire ornais depuis quatre siècles. Jamais figé, il admet des variations formelles et esthétiques au sein d’une large palette technique donnant naissance à une forme d’expression unique au monde. À travers la présentation d’une centaine d’œuvres, l’exposition révèle l’excellence technique et le génie créatif des dentellières qui, hier comme aujourd’hui, transforment la matière la plus simple, un fil de lin ou de coton, en œuvre d’art.

L’exposition “Jolies Ornaises, Dentelles jumelles d’Alençon et d’Argentan” est une coproduction entre le musée des Beaux-arts et de la Dentelle d’Alençon et la Maison des Dentelles d’Argentan. Elle a aussi inspiré Bénédicte Laviec-Leclercq, Meilleur ouvrier de France en dessin pour dentelle à l’aiguille (1997) et en dentelle au point d’Alençon (2011). Par un dessin puissant, elle met en lumière l’unité technique de la dentelle à l’aiguille ornaise et associe avec virtuosité les sœurs jumelles, le point d’Alençon et le point d’Argentan. L’exposition est labellisée dans le cadre de l’Année européenne du patrimoine culturel 2018.

Jolies Ornaises, Dentelles jumelles d’Alençon et d’Argentan
Exposition jusqu’au 4 novembre 2018

musée des Beaux-arts et de la Dentelle
Cour carrée de la Dentelle
61000 Alençon

https://www.facebook.com/museedentellealencon/