Bruno Aveillan “Bolshoi Underground”

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    Le théâtre du Bolchoï, gardien de l’âme de merveilleux fantômes, est une institution qui se prête à tous les rêves et tous les fantasmes. Tout le monde connaît, même de façon très floue, sa réputation. Les plus férus en connaissent l’histoire, les histoires de la grande Histoire qui s’y sont déroulées, les enjeux et les péripéties dont il a été l’objet. Les « aficionados » y ont assisté à d’inoubliables moments d’art lyrique dont il est un des grands temples. Le Ballet du Bolchoï pour qui aime la danse en est une de ses plus illustres émanations. De son nom toutes les Muses surgissent et les étoiles qui enluminent nos ciels intérieurs s’éclairent une à une nombreuses. Tant d’immenses créateurs, entre ses murs, ont ébloui le monde. Pourtant, il demeure un lieu secret. En vérité, personne ne connaît jamais vraiment ce phénix qu’est le Bolchoï.

    A l’heure des photographies de Bruno Aveillan, en mars 2010, Die Fledermaus, opérette de Johann Strauss, habite tous les artistes et personnels du Bolchoï en cours de rénovation. Cette oeuvre du compositeur viennois entrait à son répertoire pour la première fois de son histoire. A deux jours de la soirée de Création, La Chauve-Souris les hante telle qu’elle se doit. Soit absolument. Chacun a l’extrême conscience d’être un maillon d’une chaîne complexe, précieuse dont la fragilité ne souffre l’imperfection. L’effervescence est croissante, tous sont liés les uns aux autres, pourtant chaque être s’est retiré en soi-même, le rôle prend possession de toute la place qui lui est due. Cet effort surhumain se déploie, imperceptible, invisible au profane.

    L’énergie intérieure se diffuse pourtant de maillon en maillon, du fond de toutes les âmes en présence, résonnent des cordes, de musiques en écho et de chants, tout autour et sur la scène, dans les étages, les couloirs, les coursives, les loges à maquillage, les salles de danse. La métamorphose prend corps. Invité, privilègié, aux répétitions, Bruno Aveillan en a extrait une substantifique moëlle.

    Bolchoï Underground. Zoé Balthus, Paris 2012

    Galerie spree