8e baromètre des relations auteurs / éditeurs
8e baromètre des relations auteurs / éditeurs

Ce 8e baromètre des relations auteurs / éditeurs révèle une situation matérielle qui se dégrade et des résultats préoccupants pour la profession.

La Scam, avec le concours de la SGDL, publie son huitième baromètre des relations auteurs/éditeurs. Si, pour un faible nombre d’auteurs et autrices (11 %), la relation avec leur éditeur s’est améliorée au cours des dernières années, force est de constater que pour la plupart l’évolution ne se fait pas dans le bon sens.

Ce 8e baromètre révèle une situation matérielle qui se dégrade, une rémunération toujours à la peine, des à-valoir réduits à peau de chagrin, et un manque de transparence persistant sur la reddition des comptes… Des résultats préoccupants pour la profession.

La relation avec l’éditeur : une dégradation

31 % des auteurs et autrices déclarent avoir des relations non satisfaisantes, voire conflictuelles avec tous leurs éditeurs (+ 6 points par rapport à 2018) et un tiers également estime que cette relation s’est détériorée depuis trois ans. L’insatisfaction se concentre sur l’aval de la chaîne du livre (promotion, diffusion, reddition des comptes …).

Le contrat : mieux, mais encore très insuffisant

Si les auteurs et autrices ont tendance à mieux comprendre leurs contrats (52 % estiment qu’ils sont clairs pour les droits papiers et 29 % qu’ils le sont pour les droits numériques), 40 % déclarent encore avoir besoin de solliciter un avis extérieur. Ce recours à un avis tiers tend à diminuer (il concernait un auteur sur deux en 2018) mais en revanche l’intervention de professionnels (juristes, agents, sociétés d’auteurs) dans cette demande de soutien augmente.

La rémunération : un taux moyen pour le livre papier de 8,2 %

Ce taux moyen, à peine supérieur à celui de 2018 (7,2 %) cache de larges disparités selon les genres. En littérature générale, 1 % seulement des auteurs et autrices perçoit entre 15 et 20 % de rémunération sur le prix de vente hors taxe du livre. La majorité des contrats (52 %) se situe entre 10 et 15 %. Un tiers perçoit de 5 à 10 % et 11 % déclarent même une rémunération sous la barre des 5 %.

En littérature jeunesse, 38 % des auteurs et autrices reçoivent même moins de 5 % de droits d’auteur. A noter également qu’un tiers des auteurs et autrices, tous genres confondus, ne perçoit aucun à-valoir ! Un chiffre en hausse par rapport à 2018.

Droits dérivés : les mauvaises pratiques ont la vie dure

Près d’un quart des auteurs et autrices prend connaissance fortuitement de traductions de leurs livres, sans en avoir été informés au préalable par leur éditeur. Circonstance aggravante : 62 % de celles et ceux qui en ont été informés n’ont jamais reçu les droits correspondant à cette exploitation. Ils et elles étaient 52 % en 2018 et 59 % en 2015.

La reddition des comptes et le paiement des droits : toujours à la peine

Pour un auteur sur deux, les redditions de compte ne sont ni claires ni complètes chez aucun de leurs éditeurs. 59 % ont déclaré avoir dû écrire à leur éditeur pour réclamer le paiement de leurs droits. Ils et elles sont encore 16 % à signaler que l’envoi de la reddition des comptes n’est pas accompagné ou suivi par le versement des droits.

LE CONFINEMENT

La dégradation des relations de certains auteurs avec certains de leurs éditeurs pourrait être due en partie au confinement (du 17 mars au 11 mai 2020). Ces effets devront être mesurés plus finement (confirmés ou infirmés) avec des données récoltées après le deuxième confinement et la fin de l’urgence sanitaire.

Si 90 % des auteurs qui devaient signer un contrat avec un éditeur avant le premier confinement l’ont effectivement signé, 92 % des publications prévues durant ces deux mois ont été reportées par les éditeurs qui ont évidemment tenu compte de la fermeture totale des librairies durant cette période.

  • 13 % des auteurs déclarent que l’un ou l’autre de leur ouvrage a fait l’objet d’une opération numérique pendant le confinement. Ils n’en ont été informés que dans 80 % des cas. Et si les éditeurs ont vendu à prix réduit le livre au format numérique, 74 % de ceux-ci ont demandé l’autorisation de cette baisse à l’auteur. Enfin, presque aucun éditeur n’a demandé à un auteur de renoncer à ses droits d’auteur pendant le confinement.
  • 21 % des auteurs interrogés ont constaté de mauvaises pratiques de leur éditeur après la période de confinement : application de tarif promotionnel sans consultation préalable pour des livres numériques ; report de la sortie de l’ouvrage sans information de l’auteur ; annulation sine die de la publication.
  • 83 % de ces auteurs disent ne pas avoir pu discuter de ces mauvaises pratiques avec leur éditeur.

L’enquête a été réalisée sur Internet hors période du 1er confinement, du 6 au 25 octobre 2020, auprès de 12 000 autrices et auteurs de l’écrit, membres de la SGDL et/ou de la Scam.

  • 1 086 autrices et auteurs ont répondu à notre enquête, soit un taux de réponse de 9 %.
  • 21 % ont entre 30 et 50 ans.
  • Plus de la moitié (53 %) est âgée de 51 à 70 ans.
  • 58 % sont des femmes et 42 % des hommes.
  • Les deux tiers des auteurs et autrices qui ont répondu au questionnaire ont un autre métier. Pour un tiers de celles et ceux qui ont un autre métier, cette double casquette professionnelle est une contrainte.