À toi appartient le regard - Guy Tillim, Museum of the Revolution, Harare 2016. Photographies issues de la série African Cities. Programme réalisé dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac © musée du quai Branly - Jacques Chirac

À toi appartient le regard et la liaison infinie entre les choses  : Pouvons-nous percevoir le monde par les yeux des autres ? Jusqu’où les expériences visuelles proposées par les artistes peuvent-elles nous transporter, ou nous ramener à nous-mêmes ?

Depuis son ouverture en 2006, le musée du quai Branly a acquis près de 70 000 photographies historiques et contemporaines. La collection de photographies du musée est une référence en France et dans le monde par la rareté, l’importance numéraire et la variété, tant géographique qu’historique, de ses photographies.

À partir du 31 mars 2020, l’exposition “À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses” propose une plongée dans les univers sensibles de 26 artistes issus de 18 pays différents. Le musée a choisi de mettre en relation les pratiques d’artistes contemporains aux profils divers : jeunes et émergents comme Gosette Lubondo, Lek Kiatsirikajorn ou José Luis Cuevas, mais aussi de nombreux auteurs majeurs, parmi lesquels Guy Tillim, Dinh Q. Lê, José Alejandro Restrepo, Dayanita Singh, Sammy Baloji, Rosângela Rennó, Mario García Torrès, Yoshua Okón, Samuel Fosso ou Brook Andrew.

« À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses », est une évocation tirée de la littérature allemande du 19e siècle (Ludwig Hülsen) qui sert de fil conducteur à la découverte du travail des artistes, au rythme des notions évoquées dans le titre. Le parcours s’ouvre sur l’oeuvre du camerounais Samuel Fosso, SIXSIXSIX, composée de 666 autoportraits en Polaroïd, encore jamais montrée dans sa totalité.

Samuel Fosso, SIXSIXSIX (2015-2016). Installation de 666 tirages Polaroïd. Courtesy J.M. Patras/Paris
Questions à Christine Barthe, la commissaire de l’exposition :

Pourquoi une exposition de photographes contemporains des quatre coins du monde au musée du quai Branly – Jacques Chirac ?

Christine Barthe : Dans « À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses », il ne s’agit pas uniquement de photographies. Cette exposition présente environ 50% de photographies ainsi que 50 % d’images en mouvement – vidéos, films et installations d’images. Bien que la majorité des artistes vienne des quatre continents (Amériques, Afrique, Asie, Océanie), les artistes ne sont pas tous extra-européens. Je conduis des recherches en photographie et arts visuels depuis une dizaine d’années pour le musée du quai Branly – Jacques Chirac, à travers les quatre continents. Dans le cadre de ma mission pour le musée, j’ai la chance de découvrir dans différents pays, des oeuvres très marquantes, que cette exposition permet de présenter au public. Mon objectif, et celui du musée, est de donner une meilleure visibilité aux artistes et photographes qui travaillent sur les quatre continents et faire connaître leurs réalisations.

Cette exposition est guidée par l’envie de rassembler des oeuvres, de les mettre en scène, de créer des échos et résonances entre des pièces méconnues en France. L’exposition ne prétend pas délivrer un panorama de la photographie contemporaine extra-européenne mais vise à dévoiler le travail de grands artistes internationaux peu montrés en France et dont le musée a connaissance. Certains artistes ont une pratique ancienne, assise et reconnue dans certaines zones géographiques, tandis que d’autres sont de jeunes photographes très peu connus en France et même dans leur pays.

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Christine Barthe : Le titre de l’exposition m’est venu alors que je travaillais à la préparation d’une exposition sur la photographie du 19e siècle. Dans son essai, La lettre de Humboldt. Du jardin paysager au daguerréotype (1989), l’historien de l’art Roland Recht évoque les conditions d’apparition de la photographie (1839) et le lien unissant les romantiques allemands et l’histoire de la peinture de paysage. Il cite alors l’écrivain allemand August Ludwig Hülsen, qui lors d’un voyage en Suisse, décrit la perception visuelle des chutes du Rhin. Il souligne alors le fait que l’oeil est actif par cette phrase « À toi appartient le regard et à toi appartient la liaison infinie entre les choses. » Cela m’a frappé, j’ai trouvé dans cette phrase la possibilité inattendue d’un fil conducteur pour l’exposition.

L’exposition

L’exposition propose un cheminement parmi les oeuvres de vingt-six artistes utilisant la photographie, l’image en mouvement, la vidéo, l’installation d’images. Le parcours fonctionne comme une mise en relation d’univers propres qui interrogent notre rapport aux images et à leur perception. Pouvons-nous percevoir le monde par les yeux des autres ? Jusqu’où les expériences visuelles proposées par les artistes peuvent-elles nous transporter, ou nous ramener à nous-mêmes ?

Utilisant la photographie, l’image en mouvement, la vidéo, l’installation, les artistes composent des récits, interrogent notre rapport aux images, mènent des enquêtes approfondies, questionnent les héritages historiques des photographies, repensent les notions d’appropriation et de réappropriation visuelle.

Colloque Re-garder : photographie, vidéo et prises de position en 2020
Mercredi 1er et Jeudi 02 avril

Colloque organisé dans le cadre du programme scientifique et culturel de l’exposition « À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses ». Deux jours durant, plusieurs artistes présentés dans l’exposition prennent la parole. Critiques internationaux et historiens de l’art interviennent également par le biais de conférences, de tables rondes et de débats.Colloque Re-garder : photographie, vidéo et prises de position en 2020

710 000 photographies, dans la collection photo du musée du quai Branly – Jacques Chirac, c’est : 

– le résultat de la réunion de deux collections historiques, celle du musée de l’Homme et celle du musée des Arts d’Afrique et d’Océanie

– la collection de photographies du musée du quai Branly-Jacques Chirac couvre la période de 1842 à aujourd’hui :

Entre 1842 – 1870, de nombreux clichés datent de l’invention du procédé photographique. Cette période est représentée par un grand nombre de daguérréotypes.

Entre 1920–1930, cette période est marquée par l’émergence de l’ethnologie française : les points forts de la collection sont l’Amérique, plus particulièrement le Mexique, le Pérou, le Brésil ; l’Afrique équatoriale et l’Afrique de l’Ouest ; la Polynésie, la Mélanésie, l’Indonésie et le Vietnam.

À toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses
Exposition du 31 mars au 12 juillet 2020

musée du quai Branly – Jacques Chirac
37, quai Branly
75007 Paris

www.quaibranly.fr