I’m deranged de Mina Kavani
I’m deranged de Mina Kavani - Photo by India Lange

En janvier à L’Athénée s’ouvre avec deux seules-en-scène autour de deux destins de comédiennes : “Seule comme Maria” de Marilou Aussilloux, Théo Askolovitch et “I’m deranged”  de Mina Kavani.

En janvier L’Athénée, s’ouvre avec deux seules-en-scène autour de deux destins de comédiennes :

Succès de la saison jeune création en 2024 dans la petit salle, le spectacle est repris dans la grande salle. Parce qu’elle rêvait d’un théâtre et d’un cinéma loin de la dictature et de la censure, Mina Kavani a dû quitter son pays, l’Iran, et comme toute une génération d’artistes, a rêvé d’ailleurs. I’m deranged raconte la douleur et la vie suspendue, le chemin d’une femme à travers la dictature et l’exil, portée par la musique enveloppante de Siavash Amini.

Et paraîtra le 24 janvier, L’exil au bord des lèvres, le premier livre de Mina Kavani aux Editions du Faubourg, un texte où la comédienne raconte son enfance en Iran, son amour du théâtre, son choix forcé de l’exil et l’envie inassouvible de rentrer.

Personne ne nous a dit que ce serait si dur. Que j’allais traîner sur mes épaules ce mot énorme et si lourd, « réfugiée politique », alors que je ne suis qu’une artiste qui a osé dire merde à la République islamique. Je n’arrive pas à construire ma vie comme un être normal, mais j’essaie d’être normale, d’être forte. Je suis forte, parce que j’ai tout quitté, pour ma passion, pour mon art, pour mes rêves. Je ne me suis pas laissé pourrir, je ne les ai pas laissés me façonner et je ne me suis pas laissé mourir dans le désespoir. Je n’ai pas voulu être soumise, j’ai su dire : non, je ne veux pas être cette femme soumise que vous aimeriez que je sois ! Je suis celle qui a fui et qui a raison d’avoir fui.

Mina Kavani est une actrice de théâtre et de cinéma, née à Téhéran dans une famille d’artistes. Ses scènes nues dans le film Red Rose (2014) lui valent d’être accusée de pornographie et la contraignent à l’exil. Depuis 10 ans en France, elle poursuit une carrière de plus en plus remarquée au théâtre et au cinéma (le plus récemment dans Reading Lolita in Teheran, Eran Riklis, en salles en 2025). En 2022, Mina Kavani crée I’m deranged, un monologue qu’elle écrit, met en scène et interprète. Représentations à l’Athénée théâtre Louis-Jouvet (Paris) du 22 au 25 janvier 2025. En tournée dans toute la France : Brest, Guingamp, Saint-Herblain, Poitiers, Strasbourg…

I’m deranged Mina Kavani du 22 au 25 janvier Grande Salle écriture, mise en scène et jeu Mina Kavani

Seule comme Maria de Marilou Aussilloux & Théo Askolovitch
Seule comme Maria de Marilou Aussilloux & Théo Askolovitch – Photo : DR

Seule comme Maria
CRÉATION
Marilou Aussilloux & Théo Askolovitch
du 14 janvier au 1er février salle Christian Bérard
conception, texte et mise en scène Marilou Aussilloux et Théo Askolovitch avec Marilou Aussilloux

Une jeune actrice d’aujourd’hui croise la trajectoire de la comédienne Maria Schneider. Cette jeune femme invite le public à une fausse répétition du spectacle qu’elle est en train de créer autour de Maria S. Elle questionne le concept de monstre sacré et celui de muse et s’interroge, en parcourant la trajectoire de Maria, de quelques années son aînée, que l’on a abandonnée et poussée à sa propre destruction.

Note d’intention

En décembre dernier, après notre création Zoé (et maintenant les vivants) à Théâtre Ouvert, nous avons rêvé ensemble autour d’un nouveau spectacle : Seule comme Maria. Cela nous est apparu comme une évidence. Une urgence. Il fallait rendre hommage à cette héroïne qu’est Maria Schneider.

Nous connaissons tous Maria Schneider, mais peut-être pour les mauvaises raisons. La scène du beurre. Voilà ce que l’on entend lorsque son nom est évoqué aujourd’hui, faisant référence à cette fameuse scène de viol dans Le dernier tango à Paris, imaginée par le réalisateur B. Bertolucci et l’acteur Marlon Brando, puis imposée à la jeune actrice sans la prévenir. Lorsque le film sort, il provoque un scandale dans la société française de l’époque et à l’international. Maria est insultée dans la rue. Dorénavant, elle sera à tout jamais associée à ce film ; cette scène deviendra sa malédiction.

“Pendant la scène, même si je savais que ce que Marlon faisait n’était pas pour de vrai, mes larmes étaient vraies. Je me suis sentie humiliée et pour être honnête, j’ai eu un peu l’impression d’être violée, par Marlon et Bertolucci.” (Maria Schneider) Elle ne sera pas entendue. Sa carrière s’éteindra doucement.

Maria c’est cette idole qu’on a d’abord mise très jeune sur un piédestal, puis jetée à terre. Comme un personnage de tragédie, elle a subi plusieurs abandons successifs, d’abord enfant, par sa famille, puis par la grande famille du cinéma et enfin par la société. Maria est bien plus qu’une figure sacrificielle, bien plus qu’un exemple des abus dans le cinéma, c’est aussi une femme libre, qui aimait l’ivresse et Mick Jagger, qui a refusé de se soumettre aux injonctions de son temps, quitte à en payer le prix. C’est l’une des premières femmes actrices qui a osé protester.

Loin de nous l’envie de faire un spectacle revendicateur, ou politique. Seule comme Maria fera dialoguer une jeune actrice contemporaine, Marilou Aussilloux, avec le fantôme de celle qui lui a donné envie de faire du cinéma. Sous forme de répétition ouverte, et dans une discussion assumée avec le public, la comédienne exposera les difficultés qu’elle rencontre dans sa tentative de monter un spectacle autour de Maria Schneider. Avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision, elle se trompera, échouera en grand, abandonnera aussi face à tous, se demandant par moment pour quoi faire ce spectacle. Le public présent deviendra comme un confident privilégié, une possibilité de se raconter, de révéler ses blessures aussi, à la lumière de l’histoire de Maria. Comme un portrait miroir. Ce spectacle traite aussi de la mémoire et questionne ce qu’on laisse derrière nous. Qu’est-ce qui reste lorsque l’on meurt et que notre histoire nous a été volée ?

Forts de notre expérience autour de la pièce Zoé (et maintenant les vivants), où Marilou, dirigée par Théo a également pris la place de collaboratrice artistique, nous voulons cette fois-ci aller plus loin, et pour cette nouvelle création, signer le texte et la mise en scène à deux. Se servir de notre binôme, et de notre plaisir à travailler ensemble, pour faire cohabiter pleinement nos deux univers, nos deux imaginaires. Marilou Aussilloux & Théo Askolovitch