Hommage à Germaine, à Geneviève, à Jean, à Pierre, et à mon père ce héros

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© Présidence de la République - L. Blevennec
© Présidence de la République - L. Blevennec

Peut-on reposer en paix lorsque l’on a vécu la guerre, enduré et traversé ses horreurs, lorsque l’on a vu ce qu’ils ont vu? Peut-on un jour retrouver la paix de l’âme lorsque l’on a mis sa vie en jeu? Célèbres ils l’étaient déjà de par leur bravoure, de par leur acharnement à avoir dit non, non à la barbarie, au fascisme et de par le combat qu’il avaient mené contre des êtres, soit disant humains, qui répondaient au nom de gestapo, ss, nazi, milice…

Ainsi,pour avoir défendu les valeurs fondamentales de la vie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette, sont entrés hier au Panthéon. Leur rendre justice et hommage était bien la moindre des choses que la France pouvait faire.

Mais l’esprit de la Résistance dont a parlé hier le Président de la République, existe-t-il encore aujourd’hui ? Rien n’est moins sur. La seule résistance dont font preuve nombre de français de nos jours est celle de déjà rester en vie, résistant là d’ailleurs bien malgré eux. Mais l’esprit de résistance, celui qui aurait du se développer depuis longtemps vis à vis de la corruption, des passe droits, des parachutes dorés, des nominations à des portefeuilles et à des postes bien tranquilles, cet esprit là n’existe pas. On vote, on paye, et on subit, nous, les citoyens. Langue de bois permanente au sein d’une société qui ne devrait pas avoir à résister, mais qui ne devrait avoir qu’ à vivre et à s’épanouir en harmonie. Les guerres sont toujours là, on les maintient hors de nos frontières, mais pour combien de temps ? Profusion d’ armes et de choses qui devraient être à tout jamais interdites sont toujours vendues de par le monde.

Mon père, lui aussi, a été résistant, puis un jour il m’a fait. Je me suis toujours demandé, tout comme aujourd’hui encore, comment on pouvait rester en vie au sortir d’une guerre. Lui pourtant a réussi et c’est pourquoi je suis là, à écrire ces quelques lignes, ces quelques lignes que j’ai envie de lui dédier, pour le remercier d’avoir mis sa vie en péril pour sauver celle des autres. Mon père ne sera pas au Panthéon, ce n’est pas grave, mais malgré les multiples décorations qu’il a reçues, il lui en a toujours manqué une, celle qu’il désirait le plus, une que l’on ne lui a pas donné, la Légion d’Honneur. Il m’a toujours fait rire avec cela, mais petit à petit, j’ai compris le pourquoi de la chose. C’est qu’après ce qu’ont vécu ces résistants, après ce qu’il a vécu, cette reconnaissance de leur combat était pour lui une victoire personnelle face à la folie des hommes.

Comme cela doit être difficile de résister, aurais-je résisté moi-même sous la torture, sous l’humiliation, je n’en suis pas sur du tout. Alors aujourd’hui, résistons à la connerie qui nous entoure et nous encercle chaque jour davantage, aux multiples dérapages qui nous assaillent, aux conflits qui s’accentuent en permanence dans tous les coins du monde. Résistons pour rendre hommage à ceux qui se sont battus et qui sont morts, pour que le pire n’arrive pas, n’arrive plus, rendons leur hommage pour que ce pire ne gagne pas une nouvelle fois. Rendons hommage à Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette, afin qu’ils connaissent la paix dans l’éternité.

Photo : © Présidence de la République – L. Blevennec

[vc_text_titles title=”Cérémonie d’hommage solennel de la Nation à P. Brossolette, G. de Gaulle-Anthonioz, G. Tillion et J. Zay – Image Présidence de la République” title_type=”h4″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]