Jan Fabre “4 solos” au Théâtre de Gennevilliers

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    Preparatio mortis – interprète Lisa May – photo Wonge Bergmann

    Quatre solos, dont lʼun est sans parole, dont lʼautre est un dialogue avec une poupée, dont les deux autres sont des monologues, évoquent chacun à leur façons de grands sujets : la mort, la création, le sexe et lʼextase.

    Plus :

    samedi 24 novembre à 17h30: rencontre philosophie : « Performance des corps » Emmanuel Alloa invite Barbara Formis autour de lʼoeuvre de Jan Fabre (en présence de ce dernier) (entrée libre)

    lundi 26 novembre à 20h : lecture de textes de Jan Fabre par Isabelle Huppert suivi dʼun dialogue entre Pascal Rambert et Jan Fabre, animé par Laure Adler (tarif unique 12€ réservation indispensable auprès du théâtre)

    Master Class dirigée par Jan Fabre les 23, 24, 25 nov. de 12h à 16h (Pour les professionnels et les étudiants, nombre de places limité – candidature et inscription : aherpin@tgcdn.com)

    Workshop-danse dirigé par Cédric Charron et Annabelle Chambon les 30 nov., 1er, 2 déc. de 12h à 16h (Pour les professionnels et les étudiants, nombre de places limité – candidature et inscription : aherpin@tgcdn.com)

    Drugs kept me alive [23 – 25 novembre]

    vendredi, samedi 20h30, dimanche 17h texte, mise en scène et scénographie, Jan Fabre dramaturgie, Miet Martens musique, Dimitri Brusselmans costumes, Andrea Kränzlin et Jan Fabre pour et avec Antony Rizzi

    durée : 1h Spectacle en anglais surtitré en français

    Un performeur seul sur la scène, Antony Rizzi, monologue sur les substances psychotropes et médicamenteuses, et l’ivresse qu’elles procurent. L’homme est au bord du gouffre et toutes ces molécules qui le soutiennent pour vivre sont là pour le maintenir en vie, la lui ont même sauvé parfois, l’ont aidé en tout cas à accomplir certaines actions, à franchir des étapes.

    Dans son monologue, écrit pour Tony Rizzi, Jan Fabre met en scène un personnage à la lisière de la vie. À mesure qu’il se rapproche de la mort, il lui faut davantage de pilules et de poudres. Ses complices sont l’Ecstasy, les poppers, les amphés et la coke. Il est à tout moment en quête du vertige éternel. Mais même s’il est face à la mort, il s’accroche à la vie et continue de chercher de nouvelles façons de tromper la faucheuse. Il explore toutes les voies, orientant sa boussole à tout moment vers les raccourcis entre ciel et enfer. La vitesse est son arme et l’humour son remède. Planant sur son dirigeable de l’extase, il choisit lui-même les mirages qui lui semblent attirants, voire qui l’emplissent d’un profond bonheur. La pièce regorge de contradictions et de paradoxes : des pilules pour survivre et des pilules pour l’ivresse ; la vie entre euphorie et abîme.

    Production Troubleyn/Jan Fabre

    Coproduction Maribor 2012 (Capitale Culturelle Européenne)

    LʼEmpereur de la perte [27 – 28 novembre]

    mardi, mercredi 19h texte, mise en scène, scénographie Jan Fabre assistante à la mise en scène, Coraline Lamaison réalisation costumes, Doris Kristić avec Frano Mašković

    durée : 1h30

    Spectacle en croate surtitré en français Un clown juché sur un podium, un clown qui a dû lui-même sʼarracher le coeur car, dʼune taille hors norme, il prenait trop de place, sʼinterroge et soliloque sur lʼidentité de lʼartiste. Il se confie à son amie, une minuscule fourmi, jongle, effectue des numéros, oscille entre plusieurs états, essaye de poursuivre avant tout sa quête dʼabsolu. Coproduction de Zagreb Youth Theatre et Troubleyn/ Jan Fabre

    Etant donnés [27 novembre – 2 décembre]

    mardi, mercredi 21h, jeudi 19h30, samedi 18h30, dimanche 17h texte, Jan Fabre mise en scène, Markus Öhrn compositeur, Andreas Catjar costumes, Pia Aleborg production, Pamela Schlewinski avec Jakob Öhrman, Nadine Dubois, Markus Öhrn

    durée : 1h30

    spectacle en français et en anglais surtitré en français (déconseillé aux mineurs)

    Le texte de Jan Fabre, inspiré par lʼoeuvre de Marcel Duchamp « Etant donnés 1° La chute dʼeau 2° Le gaz dʼéclairage », est un dialogue entre une poupée étendue sur le dos comme la célèbre pièce du musée de Philadelphie, et son sexe, ici doué de parole. Lʼassemblage de Duchamp, visible derrière une porte de grange où sont pratiqués deux ouvertures pour les yeux, met les regardeurs en position de voyeurs. Jan Fabre a écrit, en hommage à sa muse de lʼépoque, Els Deceukelier, ce texte cru et poétique sur lʼamour charnel et la pulsion scopique, rythmé par des scansions et des listes de synonymes qui lui confèrent une poésie étrange, proche dʼun montage sonore qui serait fait de samples et de répétitions. Markus Öhrn a été invité à mettre scène lʼun des solos de Jan Fabre à Gennevilliers et a imaginé une installation vidéo sur scène autour dʼune situation de Casting couch, ce dispositif consistant à filmer des jeunes filles venues passer des essais pour jouer dans des films pornographiques. Tout se passe dans un canapé, comme il y en a dans tous les bureaux de production. Au final, ce sont les essais eux-mêmes, où il leur est demandé de faire des démonstrations de leurs compétences, qui sont diffusés sur le net ou en dvd.

    Production Théâtre de Gennevilliers Centre dramatique national de création contemporaine avec le soutien de Troubleyn/Jan Fabre. Coproduction Nordwind Festival, Theater Hebbel am Ufer

    Preparatio mortis [30 novembre – 2 décembre]

    vendredi 20h30, samedi 17h et 21h, dimanche 15h conception, chorégraphie, Jan Fabre et Annabelle Chambon musique, Bernard Foccroulle avec Annabelle Chambon

    durée : 1h

    Une danseuse au milieu des fleurs qui jonchent la scène, un cercueil de verre embué, et les fleurs piétinées et écrasées par ce corps plein de vie qui finissent par se disloquer sous lʼeffet du mouvement ininterrompu, comme sʼil ne fallait jamais cesser de bouger de peur quʼelles ne finissent par prendre le dessus pour venir triomphalement, lorsque leur heure sera venue, recouvrir le corps devenu inerte.

    Production Troubleyn/Jan Fabre

    Jan Fabre

    Photo de Stephan Vanfleteren

    Jan Fabre (né à Anvers en 1958) est connu, tant en Belgique qu’à l’étranger, pour être l’un des artistes les plus d’avantgarde et protéiformes de sa génération. Depuis 30 ans, il se distingue en tant qu’artiste de performance, forgeron de théâtre et d’opéras, chorégraphe, auteur et artiste plasticien. Quel que soit le genre qu’il aborde, il en déplace systématiquement les frontières. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu de créer la controverse tout ou long de son parcours artistique.

    Fin des années soixante-dix, le jeune Jan Fabre défraie la chronique avec ses Money performances où il brûle des liasses de billets que le public lui prête en bonne foi pour créer des dessins avec les cendres ainsi obtenues. En 1982, il pose avec C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir une bombe à fragmentation qui ébranle les fondations du théâtre de l’époque.

    Deux ans plus tard, il est invité à participer à la Biennale de Venise où il persiste et signe avec Le Pouvoir des folies théâtrales. Ces deux oeuvres entrent dans les annales du théâtre contemporain et font le tour du monde. Depuis, Fabre s’est taillé une place parmi les artistes les plus multidisciplinaires de la scène artistique internationale. Il rompt avec les canons du théâtre classique en y introduisant des “real time performances” – qu’il qualifie parfois d’installations vivantes – et explore les possibilités chorégraphiques radicales pour revisiter la danse traditionnelle.

    Le corps sous toutes ses formes est au centre de sa démarche depuis le début des années quatre-vingt. La plupart des textes de Fabre étaient initialement destinés à être portés à la scène. Au début des années soixante-dix, Jan Fabre se met à écrire pour consigner ses idées qui sont déjà le fruit d’une imagination débridée. Ces textes resteront pendant des années au fond d’un tiroir avant d’être publiés au moment où leur auteur décidera de les mettre lui-même en scène.

    D’autres textes voient le jour durant le processus de répétitions. Il s’agit de textes entièrement improvisés par les acteurs ou d’un mélange de textes d’auteur et d’improvisations. D’autres encore consistent en des monologues, souvent écrits pour Els Deceukelier, son actrice fétiche. Ou en des dialogues aux allures de monologues car dans les oeuvres théâtrales de Fabre, rares sont les répliques et anecdotes réalistes. Ses textes sont plutôt conceptuels et poétiques. Ils s’articulent autour de rituels primitifs et de thèmes qui fascinent leur auteur, de questions philosophiques qui l’obsèdent. Mais ils respirent aussi la violence et la joie que procure une vie vécue pleinement, le vécu à géométrie variable de la beauté, de l’érotisme et de la fête qui transportent Fabre d’un extrême à l’autre.

    Les oeuvres littéraires de Jan Fabre trahissent également sa conception du théâtre. Pour lui, le théâtre est une oeuvre d’art intégrale dans laquelle le mot occupe une place fonctionnelle mûrement réfléchie aux côtés de la danse, de la musique, du chant, de la performance et de l’improvisation. La sobriété avec laquelle Fabre use du médium « texte » induit une autre approche du théâtre. Les metteurs en scène qui, ces dernières années, ont été de plus en plus nombreux à porter ses textes à la scène le confirment : les textes de Fabre sont réfractaires à toute distillation théâtrale traditionnelle.

    Saison 2012-2013 au Théâtre de Gennevilliers

     

    Théâtre de Gennevilliers