Tribute 2018 – Future Media/Art Manifesto : L’Académie d’Art de Chine à Strasbourg

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Tribute 2018 : L’Académie d’Art de Chine à Strasbourg
Tribute 2018 : L’Académie d’Art de Chine à Strasbourg

La proposition artistique Tribute 2018 revendique ces interactions entre la Chine et la France et cherche à les déployer pour les projeter vers l’avenir. 

L’Académie d’Art de Chine (CAA) à Hangzhou, proche de Shanghaï, est la plus importante et prestigieuse école supérieure d’art en Chine. Dans le cadre de la célébration de son 90e anniversaire, elle souhaite rendre hommage à son fondateur et à l’histoire de sa création, en proposant un manifeste pour l’avenir. En lien avec la Haute école des arts du Rhin, l’Académie d’Art de Chine organise un grand événement à Strasbourg du 2 au 10 décembre 2017.

Un des épisodes fondateurs de la CAA s’est déroulé au Palais du Rhin à Strasbourg en 1924, à l’occasion d’une exposition d’Art chinois, présentant des oeuvres historiques et contemporaines. LIN Fengmian, artiste résidant à ce moment-là entre Berlin et Paris et dont la démarche valorisait les liens entre Art chinois historique et modernité occidentale, avait coorganisé cette exposition. Elle se revendiquait comme un manifeste culturel pour une Chine nouvelle, ouverte sur le monde et la modernité. À cette occasion, LIN Fengmian et ses amis artistesavaient attiré l’attention de CAI Yuanpei, personnalité politique de premier rang, pilier des premières Républiques chinoises pour les questions culturelles et éducatives. L’amitié entre les deux hommes qui s’engagea à Strasbourg conduira CAI à demander à Fengmian de fonder à Hangzhou une grande école supérieure d’art moderne. De 1928 à 1938, LIN Fengmian en sera son premier président. L’exposition de 1924 est ainsi considérée comme la « préhistoire » de CAA et plus largement comme un point d’origine pour l’enseignement artistique chinois. Faisant écho aux échanges culturels du XXe siècle entre les deux pays, Tribute 2018 propose plusieurs événements : deux expositions, un workshop itinérant d’étudiants et un ambitieux happening rassemblant des personnalités internationales de l’art et des sciences humaines.

Le fondement de Tribute 2018

Le contexte historique, inspiration du manifeste Tribute 2018
Au début du XXe siècle, une mémoire partagée autour d’événements culturels et politiques historiques, tels que les Lumières, le Romantisme, la Révolution française ou la Commune de Paris, lient la Chine du « Mouvement du 4 mai 1919 » à la France. Ces flux de curiosités partagées s’inversent quelques années plus tard lorsque des intellectuels tels qu’André Malraux observent la Chine et sa culture « dépassant la rationalité instrumentale », offrant une sorte de modèle pour une France cherchant « à rompre avec le passé de l’Europe ». En 1968, plusieurs groupes politiques invoquaient une mutation s’inspirant de la Révolution chinoise maoïste pour structurer des mouvements de transformation sociale radicale. Au tout début du XXIe siècle encore, certaines idées radicales débattues dans le champ philosophique en France étaient intensément débattues dans le milieu chinois de l’art et des sciences humaines.

La proposition artistique Tribute 2018 revendique ces interactions entre la Chine et la France et cherche à les déployer pour les projeter vers l’avenir. Si les regards croisés sur le XXe siècle traversent le happening à l’Aula le 2 décembre (Une proposition pour le siècle) l’exposition au Palais du Rhin (Shanshui, une cosmotechnique) s’inspire d’un concept historique dans la pensée chinoise. La notion de Shanshui remonte au IVe siècle et a connu son âge classique au XIe, sous la dynastie Song dont Hangzhou était la capitale. Shanshui peut être traduit en français par « paysage » si l’on associe à ce genre pictural la complexité des énergies poétiques calligraphiées et le taoïsme qui structura la pensée artistique et littéraire chinoise. Dans cette exposition, le Shanshui est considéré comme un « média » réactualisé pour esquisser un paysage cosmotechnique1 du XXe siècle. Adossés à cet enjeu historique, nous nous retrouvons à Strasbourg en cette fin 2017, dépliant diverses temporalités partagées entre la Chine et la France. Ces propositions artistiques interrogent les évolutions sociales et idéologiques, jusqu’à proposer d’écrire un « manifeste supplémentaire », rétrospectif vis-à-vis du siècle passé et ses profondes mutations, prospectif face aux flux globaux de toutes sortes qui conditionnent le siècle actuel.

Une proposition pour le siècle

Investissant les flux idéologiques évoqués plus haut, qui ont inspiré et inspirent toujours les constructions sociales que croisent et nourrissent les expérimentations plastiques, le happening à l’Aula, par petites touches juxtaposées, ouvre sur un espace stratégique. Inscrit dans notre monde aux réalités multiples, cet espace, est traversé par des flux économiques néo-libéraux, des images spectaculaires et des discours. Douze intervenants invités à Strasbourg par l’Académie d’Art de Chine, interrogent douze dates du siècle passé (1917 – 2017). Ces dates marquant de grands événements interfèrent avec les recherches et les démarches des invités qui dessinent des ouvertures, où certains rêves perdus du XXème siècle pourraient trouver une place centrale ou décalée, tout comme s’incarner dans le siècle qui se déploie devant nous. Et même dès cette année 2018, qui témoigne l’urgence de notre avenir le plus prégnant. Aula, hall du Palais universitaire de Strasbourg, happening le samedi 2 décembre de 17h à 19h. Entrée libre sur inscription, renseignements sur le site de la HEAR : www.hear.fr

Intervenants : Samir Amin, Franck Anselm, Daniel Buren, CHANG Tsong-Zun, CHEN Chieh-Jen, Uwe Fleckner, GAO Shiming, Jean-Luc Nancy, Bernard Stiegler, ZHANG Songren, Siegfried Zielinski.

Les événements Future Media/Art Manifesto :

• Shanshui, une cosmotechnique exposition à la salle des fêtes du Palais du Rhin, du 3 au 10 décembre, vernissage le 2 décembre à 14h au Palais du Rhin.

• Une proposition pour le siècle happening à l’Aula du Palais Universitaire de Strasbourg, le samedi 2 décembre à 17h. L’Académie d’Art de Chine à Strasbourg

• LIN Fengmian, une partie de l’histoire exposition à la Chaufferie, Galerie de la HEAR, du 2 au 10 décembre.

• 渡物(Duwu), Le voyage des objets workshop international avec des étudiants de la CAA et de la HEAR, restitution itinérante le 23 novembre sur les canaux de Strasbourg, puis exposition à la HEAR (Salle 27), du 28 novembre au 10 décembre. Photo

*Lin Fengmian (22 novembre 1900 – 12 août 1991) est l’un des plus importants artistes peintres chinois modernes. Il fut l’un des premiers artistes chinois à étudier en France de 1918 à 1925, à Dijon d’abord et à Paris ensuite. À son retour en Chine, il occupa plusieurs postes importants dans le circuit académique officiel. En tant que président de l’Académie nationale des Arts de Pékin et directeur de l’Académie des Arts de Hangzhou, il exerça une grande influence sur le développement de l’art contemporain de son pays. (Source Wikipédia)

les magasines chinois au début du 20e siècle
Affiche de l’exposition au Palais du Rhin, mai 1924

Tribute 2018 – Future Media/Art Manifesto L’Académie d’Art de Chine à Strasbourg

Expositions & performance, du 2 au 10 décembre 2017 Palais du Rhin, Hall du Palais Universitaire de Strasbourg (Aula), la Chaufferie, Haute école des arts du Rhin.

Toutes les informations sur : Haute école des arts du Rhin Mulhouse — Strasbourg