Willy Rizzo - A Na Sam, pour le colonel Gilles, il n’y a que des nuits sans sommeil
Willy Rizzo - A Na Sam, pour le colonel Gilles, il n’y a que des nuits sans sommeil

Willy Rizzo est le premier journaliste qui réussit à pénétrer dans un camp de prisonniers Viet-Minh. 

Photographe et designer italo-français, Willy Rizzo se passionne pour la photo dès son plus jeune âge, réalisant des portraits de ses camarades de classe à l’aide d’un Box Agfa offert par sa mère. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, il acquiert un Rolleiflex et pénètre le monde du cinéma, fréquentant, ente autres, les studios de Billancourt et Joinville. Alors qu’il photographie les vedettes qui s’enthousiasment pour lui, il est engagé par Point de Vue et réalise ses premiers reportages. Il part pour la Tunisie, d’où il rapporte un reportage sur les carcasses de chars, acheté par LIFE, voyage aux USA et couvre le premier Festival de Cannes pour France Dimanche.

Willy Rizzo photographie la plupart des grandes vedettes des années 1945 à 1970 : Brigitte Bardot, Marilyn Monroe, Maria Callas, Sarah Vaughan, Gregory Peck…Embauché à la création de Paris Match en 1949, il réalise la première couverture en couleur avec une photographie de Winston Churchill. En 1960, Il travailla pour Marie Claire, et partit vivre à Rome pour y débuter un métier de designer en 1968 ; Il parvint à créer sa propre collection, influencé par de grands noms comme Le Corbusier. Il créa sa propre société, qui a compté jusqu’à 150 salariés. Dix ans plus tard, il délaissa son activité de designer pour rentrer en France et retourner à sa première passion, la photographie. On le retrouve dans l’album de Tintin Les Bijoux de la Castafiore, dans lequel Hergé le représente sous le nom de Walter Rizzoto.

L’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 13 janvier 2018 met en valeur une facette moins connue de Willy Rizzo, celle de photographe de guerre. Lorsque Philippe Boegner était directeur de Paris Match, il cherchait un photographe de mode hors pair pour l’envoyer en Indochine afin d’obtenir des images insolites. Willy Rizzo fut ainsi le premier journaliste qui réussit à pénétrer dans un camp de prisonniers Viet-Minh. Les scènes de vie quotidienne qu’il a saisies ont su leur conférer une atmosphère humaine. Mais, chargé de revenir avec une série de photos présentant la guerre d’Indochine sous un angle différent, sa mission n’avait rien d’une partie de plaisir. « Je désirais rendre compte de la réalité dramatique de la situation de sortir des clichés.»expliquera-t-il.

Armé d’un matériel exceptionnel : un Leica 35 mm, deux Rollei, quatre flashs éléctroniques et un Linhof avec un pied, Willy Rizzo s’envolait dans des petis avions qui s’appelaient des « Beechcraft» assis sur des plaques en acier pour se protéger des impacts de balles que les paysans des rizières tiraient… Des photos montrent le bataillon à l’intérieur de la carlingue. Les visages joyeux des soldats qui chantent pour oublier le danger. «Tu n’as pas peur quand tu es en groupe. Personne ne criait au secours» se rappelle Willy Rizzo. Il sera reçu par les généraux Bigeard de Lattre de Tassigny, Salan…

Willy Rizzo photographie ainsi des tranchées, de l’inédit, que l’Etat major interdit parce que ces images rappelaient trop celles de la vraie guerre, la Grande, 1914- 1918. Il prend aussi en photos des rues de Hanoi la nuit en plein couvre feu. Le résultat est surprenant. « Willy Rizzo a réussi à fusionner tous les apports du cinéma. Il crée des scènes, des tensions. Il transforme les acteurs de la vie en acteurs de film. C’est exceptionnel. Il a réussi à traduire la réalité en scène cinématographie.»

Ces 34 tirages argentiques noir et blanc et couleur exposés, signés par Willy Rizzo, numérotés et limités à 8 exemplaires sont rares et superbes d’Histoire.

Photo : Willy Rizzo – A Na Sam, pour le colonel Gilles, il n’y a que des nuits sans sommeil – Débarquement de parachutistes, Na-Sam, 1952 «Dans le camp retranché du Pays Thaï face aux Viets. Les renforts vietnamiens descendent du ciel. Des parachutistes vietnamiens et français viennent de débarquer en renfort. Les défenseurs représentent en nombre l’équivalent d’une division française.»

Willy Rizzo au centre - Na Sam 1952 - Au coeur de la bataille du Tonkin. Les soldats survolent en chantant la D.C.A du Vietminh
Willy Rizzo au centre - Na Sam 1952 - Au coeur de la bataille du Tonkin. Les soldats survolent en chantant la D.C.A du Vietminh

Willy Rizzo ( 1928 – 2013) – Un photographe à contre-emploi
Exposition de photographies et design jusqu’au 13 janvier 2018

Studio Willy Rizzo
12 Rue de Verneuil
75007 Paris

http://www.willyrizzo.com/