Valérie Jouve L’artiste qui dénonce l’uniformisation du quotidien.

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Valérie Jouve au Jeu de Paume
Valérie Jouve au Jeu de Paume

La photographe et cinéaste Valérie Jouve, lauréate 2013 du prix Niépce est à l’honneur au Musée du jeu de Paume. La rétrospective intitulée « Corps en résistance » permet de découvrir les oeuvres d’une artiste en phase avec son époque.

Au premier regard, et sans vraiment comprendre pourquoi, les clichés de Valérie Jouve apostrophent et retiennent l’attention.
On voudrait percer le mystère de la mise en suspens provoquée par ces images…

Or l’énigme persiste car les clichés de Valérie Jouve ne portent aucun nom, aucun titre, pas d’indication ou d’intitulé précis qui pourraient aider le public à répondre aux questions qu’ils soulèvent. Ainsi déstabilisé, celui-ci les interprète à sa manière et s’approprie l’histoire de l’ image, qui désormais lui appartient.

[vc_text_titles title=”En utilisant que des thèmes génériques tels- Les personnages, Les Façades, Les passants, la Rue, Les Arbres – pour désigner ses clichés, l’artiste les rend intemporels. ” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

Sans aucune prétention, sans aucun rapport à la vérité, Valérie Jouve se pose des questions, qu’elle pose ensuite au public. Cette démarche humaniste et généreuse rend son oeuvre artistique accessible à tous. D’où cette familiarité qui interpelle.

[vc_text_titles title=”L’humain, et toutes les formes de vie disposent d’une place majeure dans l’oeuvre de VJ” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

Comme l’explique l’artiste dans un entretien réalisé à l’occasion de l’exposition « La ville a une importance fondamentale pour moi, car elle est l’incarnation même de la présence humaine sur Terre. »

 

Les photos de Valérie Jouve parlent le langage universel de l’humain.
La photographe réussit à capter notre société, décrypte ses acteurs, ses aspects de théâtralité quotidienne, avec parfois une certaine violence.
Dans ses clichés, les passants sont anonymes et toujours en mouvement, comme dans la série « les sorties de bureau ». Ils interrogent la présence du corps dans la ville et les manières d’habiter l’espace ; tout comme ses personnages, des modèles choisis pour leurs puissance de corps et leur charisme.
L’association du paysage et du portrait donne lieu, dans cette densité urbaine, à des scènes hautement chorégraphiées.

[vc_text_titles title=”Cette mise en scène de l’être humain est un appel à l’action.” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

« Je pense que j’ai une forme de mélancolie liée au sentiment d’une perte, d’un monde rendu toujours impossible et dont les hommes s’éloignent toujours un peu plus par leur vanité. Un ami africain m’a dit un jour “Dans votre société, vous avez oublié d’être petits”. Je pense souvent à cette phrase. La résistance va devoir trouver des forces pour faire face à ce nouveau monstre financier. »

On comprend ainsi pourquoi la ville est montrée comme un titan de béton, de moins en moins habitable, faite d’immeubles génériques, à la géométrie implacable. Cette ville, petit à petit enferme et se referme sur l’être humain qu’elle façonne dans un quotidien cyclique jusqu’à ce qu’il ne se rende même plus compte qu’il subit les ravages du temps.

[vc_text_titles title=”Ses photographies relèvent tout autant de l’art contemporain et du documentaire de création que de l’anthropologie et de la sociologie.” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

En présentant une exposition dénuée de thématique et de chronologie, Valérie Jouve souhaite provoquer une rupture . Ici, un cliché d’immeuble typiquement parisien trouve sa place à coté d’un sous bois. Cette ondulation entre les images, plutôt qu’une construction affirmée, ou ruralité et urbanisme se côtoient, relève certes de la fiction, mais l’aspect paisible qui en émane, semble être la parfaite adéquation d’un monde parfait et utopique ou l’alchimie entre les corps et l’espace est rendu possible.

Parce qu’elle ressent les êtres vivants déconnectés d’un réel étouffant, lassés et résignés, la photographe invite l’humain à une réelle réflexion et l’incite à se remettre en cause, à changer ses habitudes, ses perceptions, se plaçant du côté de la résistance, de la force et de la présence.

Valérie Jouve au Jeu de Paume
[vc_text_titles title=”INFOS PRATIQUES” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

« Corps en résistance »
Du 2 juin au 27 septembre 2015.
Valérie Jouve @ Musée du Jeu de Paume
1 place de la Concorde, Paris VIIIe, métro Concorde.

Ouvert du mardi au dimanche : le mardi de 11h à 21h et de mercredi à dimanche, de 11h à 19h.
Entrée : 10 euros ; tarif réduit 7,50 euros.
Entrée gratuite pour les étudiants et les moins de 25 ans inclus, le dernier mardi du mois de 11h à 21h.