The Riot Girls : Maya McCallum, Céline Guichard, Anne van der Linden, Nadia Valentine chez Arts Factory

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Riot Girls : Sexualité, religion, féminisme et politique; les sujets sont abordés sans aucun tabou, appuyés par une jouissive liberté graphique et picturale. 

Âmes sensibles s’abstenir ! Avec son exposition Riot Girls la galerie Arts Factory convoque quatre pétroleuses aux caractères et aux pinceaux bien trempés. Sexualité, religion, féminisme et politique; les sujets sont abordés sans aucun tabou, appuyés par une jouissive liberté graphique et picturale. Ce détonnant group show est organisé grâce au mécénat de l’association Clovis Trouille (1889-1975), gardienne du temple de l’oeuvre laissée par le subversif peintre, proche des Surréalistes.

Au-delà de leur disparité formelle, les artistes invitées dans le cadre de cette exposition ne craignent pas la mauvaise réputation. À l’image de leur ancêtre putatif, elles jouent ironiquement des codes établis pour mieux les renverser. Affirmant la crudité violente du sexe, les travaux de Maya McCallum, Céline Guichard, Anne van der Linden et Nadia Valentine interrogent la vie intérieure, le plaisir à venir, l’angoisse de l’interdit, celle du désir menant à la transgression. Ils fustigent par ailleurs toutes les formes de terrorisme avec un jubilatoire sens de la provocation.

Photo : affiche de l’exposition Riot Girls – Visuel Nadia Valentine

Maya McCallum est née en 1978.
Enfant de la Goutte d’Or elle vit et travaille à Paris.

Naviguant entre musique et dessin après des études en Arts Plastiques à l’Université de Paris I, Maya McCallum écume dès 1995 la scène rock indépendante avec de nombreux projets à l’esprit Do It Yourself largement assumé. Très tôt fascinée par le surréalisme, le psychédélisme ou la dimension médiumnique de certains artistes issus de l’art brut, Maya pose ses guitares début 2014 pour reprendre le dessin. Guidée par une irrépressible urgence, elle entame alors la série Day Dreaming, obsessionnelles fresques érotico-baroques réalisées à la limite de l’état de transe.

Véritable travail d’orfèvre ciselé à l’encre noire, ses compositions oniriques sont cadrées par de foisonnantes frises aux motifs hérités de la Renaissance. Cupidon n’est jamais loin, l’arc bandé vers des corps offerts à la jouissance comme à la souffrance. Fusionnant esthétique punk rock, décorum fétichiste et symbolique ésotérique, Maya McCallum livre une œuvre sensuelle, subversive, clairement habitée.

Céline Guichard est née en 1970
Elle vit et travaille à Angoulême

Très active sur la scène du dessin contemporain et de l’édition indépendante, Céline Guichard a développé depuis le début des années 2000 un bestiaire singulier dont l’hybridation est le point de départ : mâle / femelle, animal / humain, végétal / animal, ses créatures fantastiques et grotesques sont inspirées par une obsession sans limites pour la biologie humaine, l’anormalité, le rêve, le concept de genre et la transgression.

A la fois repoussants et fascinants, les personnages désinhibés de Céline Guichard nous renvoient à notre propre rapport au corps. Evoluant nus, dans une prairie dont les hautes herbes se confondent avec leur système pileux ultra développé, ils jouissent des attributs de leur monstruosité supposée en toute quiétude. Sexualité débridée, combats féroces ou repos langoureux, tout semble visiblement permis dans cet étrange Jardin des Délices, nous interrogeant ainsi sur les normes imposées dans un contexte socio-culturel de plus en plus hygiéniste.

Le travail de Céline Guichard est régulièrement édité par Le Dernier Cri. De nombreux recueils de dessins et de gravures ont également été publiés chez Ah Pook, Tétra, Marguerite Waknine ou les Crocs Electriques.

Anne Van der Linden est née en 1959 en Angleterre
Elle vit et travaille à Saint Denis, en banlieue parisienne

De formation littéraire classique, elle se tourne rapidement vers l’expression graphique, puis la peinture. En 1982, Anne Van der Linden fait un passage éclair aux Beaux-Arts de Paris, avant d’obtenir dix ans plus tard une licence d’arts plastiques à l’Université de Paris VIII.

Dès 1994, elle fonde avec Jean-Louis Costes la plateforme d’édition et de diffusion d’œuvres underground Erectic Art, réalisant les décors de ses spectacles musicaux et jouant dans certains de ses films. Heavy Meat, son premier ouvrage, est publié en 1995 par Jean-Pierre Faur, posant les bases de son inimitable style pictural. De nombreux éditeurs issus de la sphère alternative ont par la suite défendu son travail – Le Dernier Cri, CBO, Les 4 Mers, United Dead Artists, Les Crocs Electriques … – ainsi que ses collaborations avec les poètes June Shenfield, Jérôme Bertin ou Nina Zivancevic. En 2008 elle crée avec Olivier Allemane la revue Freak Wave, proposant un dialogue entre littérature et imagerie déviante.

Sans concession ni tabou, son univers expressionniste s’inscrit dans une longue tradition dont on retrouve les traces dans la mythologie grecque, la peinture moyenâgeuse ou le surréalisme. Systèmes sexuels à entrées multiples, scatologie, séances de tortures plus ou moins consenties, Anne Van Der Linden déconstruit avec jubilation les codes sociaux, pour mieux explorer les mondes intérieurs; au couteau et à la hache si besoin.

Nadia Valentine est née en 1972 en Martinique
Elle vit et travaille à Paris

Des quatre artistes réunies dans le cadre de l’exposition Riot Girls, le travail de Nadia Valentine est sans nul doute celui dont la portée politique est la plus évidente. S’inspirant de l’imagerie liée au tirailleur dit « sénégalais », qui fit la richesse et la notoriété d’une grande marque de produits cacaotés, ses peintures dénoncent le racisme latent, longtemps véhiculé par leurs publicités.

Militante, Nadia Valentine jongle avec les clichés d’hier et d’aujourd’hui. En équilibre ténu entre humour et haine, elle interpelle au milieu des non-dits, des ressentiments et des stéréotypes persistants. Le « bon nègre » au service de la mère patrie est ici représenté sur des champs de batailles, éviscéré ou dévoré vivant dans un éternel sourire figé, un régime de bananes toujours à portée de main.

Particulièrement remarquées en 2013 lors de l’exposition HEY ! Modern Art and Pop Culture II à la Halle Saint Pierre, ses impressionnantes huiles sur toile évoquent à la façon d’un Chéri Samba en mode GTA, l’hybridation entre héritage traditionnel, culture populaire afro-américaine et vestiges de la colonisation.

RIOT GIRLS : les filles cachées de clovis trouille
maya mccallum, céline guichard, anne van der linden et nadia valentine
Exposition du 1er au 23 septembre 2017

galerie arts factory
27, rue de charonne
75011 Paris

http://www.artsfactory.net/