Mouna Rebeiz : The Betty Boop collection ou l’être et le paraître

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    Mouna Rebeiz est libanaise. Issue d’une famille d’artistes, elle a grandi entourée de musiciens, de peintres et de poètes. Une imprégnation artistique mais aussi humaniste, qui la conduiront d’abord à suivre des cours de psychologie à la Sorbonne, à Paris. En 1995, elle entre au Centre pictural des arts décoratifs (Cépiade), à Paris. Elle y fera une rencontre décisive avec madame Alix de la Source, spécialiste de la peinture du XVIIIe siècle. Elle suivra son enseignement jusqu’en 2005, au cours duquel elle étudiera les techniques des grands maîtres.

    Dans le même temps, elle parfait sa technique avec Abraham Pincas, directeur des Beaux Arts de Paris, et Mohamed Rawas, professeur aux Beaux Arts de Beyrouth. Mouna Rebeiz commence alors à se trouver et s’émancipe peu à peu de la technique pour capter dans ses oeuvres l’énergie et la vie. La vie, c’est-à-dire la femme. Le corps des femmes devient son sujet de prédilection, son objet de quête. Elle exprime, avec une sensualité très personnelle, un style à la fois proche du réalisme, mais qui est en même temps un pied de nez au réalisme.

    Elle le réinterprète. Ses femmes, le corps de ses femmes sont prises – ou libérées ? – dans un jeu de balancier entre réalisme et impression d’irréalité par leurs démesures et leurs proportions.

    Andrea Francesco Nuti Critique d’art, commissaire d’expositions, conservateur

    Mouna Rebeiz, une peintre très rare dans l’univers du « non-sens » de la recherche artistique du début du XXIe siècle. Elle donne à ses oeuvres un fort impact donné par la mise en évidence d’un détail. Elle utilise a fond le jeu du clair obscur et théâtralise les « apparitions » de l’univers féminin intime se servant de la leçon de Caravaggio.

    Le corps est mis en avant par le jeu des lumières et sculpté, l’attention donnée au détail est là pour illustrer un propos. Tel Vinci le corps est pensé, chaque tableau est le fruit d’une méditation tantôt sur l’homme tantôt sur la femme : sa peinture dévoile une histoire et ouvre une fenêtre sur le monde secret de la femme, c’est une histoire cachée qui se dévoile par son titre. Son obsession de la perfection la conduit à une utilisation optimale de la surface de la toile afin que celle-ci, par sa taille, « existe » en tant que fenêtre sur le « monde dévoilé du secret féminin ». Moon s’ouvre à l’univers par sa méditation, et par son pinceau construit des images tridimensionnelles, une peinture qui a la force d’une sculpture et qui renferme la lumière telle une boite lumineuse comme celles de Fabrizio Plessi. Par sa peinture, Mouna Rebeiz se rapproche des portraits vidéos de Chuck Close, mais utilisant seulement les instruments traditionnels des peintres, elle réaffirme la prééminence de celle-ci dont la surprenante modernité est donnée par le choix savant du format. Entre un Pietro Annigoni, le portraitiste florentin, maître reconnu par tous ses pairs, héritier de la grande tradition de la Renaissance et un Robert Longo parcourant à l’envers sa lecture du monde: – des scènes urbaines aux voiles millénaires – qui cachent cette beauté féminine qui fait peur aux hommes et que Mouna Rebeiz se complait à nous révéler.

    • Exposition du 6 au 28 juillet 2012

    Galerie Pierre-Alain Challier