Manon BaRa, femme étonnée, femme étonnante, femme détonante !

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1945
Manon Bara

 Le masque est ambigu, il cache autant qu’il révèle, il n’est ni transparent, ni opaque. Maquillé, fardé, masqué, expression contraire, c’est sous le masque qu’on peut se dissimuler, survivre et être acceptés dans la société contemporaine ”  Manon Bara, entre rouge à lèvres et rage de dents

C’est pas ma faute si je suis douée pour le bonheur. Mes parents ont mis la double dose pour moi. Ils m’ont appelée “Manon Bara, la rage au ventre”. J’ai reçu ma première malle de peinture à 5 ans, telle une balle dans le coeur. “Exprime-toi my girl, casse la baraque, et peints sur tous les murs de ta chambre”. Tu as le succès dans la peau, tu es une grande artiste, plus tard, tu seras la Amy Winhouse de la peinture, une rock star des salons parisiens. Tu n’es pas une poupée Barbie, tu es une poupée Bara ! Ta mère sera fière de toi. Tu visiteras de grands musées et tu exposeras dans les petites salles. Tu courras Paris, Bruxelles, Angers. Déjà, à la canine à l’école, tu avais du succès, on disait ’’cette fille-là, elle a tellement d’appétit, qu’elle donne envie aux autres’’. La peinture pour moi, c’est comme boire et manger. C’est ma raison de vivre, d’exister. Je suis artiste, je fais ce métier parce que j’aime les gens et l’argent.

Manon Bara est une artiste multi disciplinaire, multi tâches, multifonctions. C’est une peintre jusqu’au bout des ongles. Elle peint sur différents supports, aussi bien des toiles que des jantes de voitures. Elle a fait 5 ans d’études aux Beaux-Arts d’Angers, 1 an à Dresde (où elle a appris la gravure) et 2 ans à la Cambre à Bruxelles.

Lorsque je peins, je suis aveuglée, je m’immerge dans ce qu’il y a de plus douloureux. Pour moi, la peinture c’est une vierge qui a perdu son enfant. On est toujours en retard face à une peinture, à peine retournée, elle a déjà changé; séchée “.

Manon Bara sacralise et désacralise à la fois. Son approche est classique et, en même temps, post moderne, ce qui crée un réel paradoxe. Ce paradoxe permanent qui émane de ses peintures, crée de la tension et perturbe le spectateur.

A première vue, la peinture de Manon Bara est simple, voire simpliste; les sujets banals : une plante, un ours, des figues, des visages, des vieux, des mains de vieux, ah, tiens un Christ, et là – boxeurs, oh – des Vierges, et encore des bébés, des montagnes, un lapin, des autoportraits… On a quand même l’impression que ses figues ont le même groupe sanguin que le Christ ou les bébés. C’est le même sang rouge vif qui coule dans leurs veines, les cellules de chacun de ses sujets. Ils sont tous nés de Manon Bara- et ils portent tous le même ADN qu’elle.

Manon Bara à certains sujets qui lui tiennent particulièrement à coeur : l’autoportrait, avec ses possibilités infinies autour d’un masque ; la gravure en tant que technique et langage, et la représentation de la chair, celle des bébés, des vieux ou encore des gros. Toute peinture de Manon Bara étant autobiographique, c’est dans l’autoportrait qu’elle se permet d’aller le plus loin. Elle se peint en Vierge explosive, ou en mariée abandonnée, agonisante ; en ou encore tout simplement en femme, avec le visage couvert par un masque de beauté épaisse.

Notre visage est le lieu où s’expriment nos sentiments. Dans l’autoportrait, plus on creuse l’intériorité, plus on parle d’universel “.

Les expressions qui animent le(s) visage(s) de Manon Bara sont comme un masque, figées et en mouvement à la fois. Et l’artiste leur offre encore un masque supplémentaire, artificiel, – un masque de beauté, ou un masque tribal, ou un masque de fête. Au final il n’y a pas de différence, le tout se mélange, le sens et la matière de la peinture laquée. ” Le masque est ambigu, il cache autant qu’il révèle, il n’est ni transparent, ni opaque. Maquillé, fardé, masqué, expression contraire, c’est sous le masque qu’on peut se dissimuler, survivre et être acceptés dans la société contemporaine “.

La gravure permet à Manon Bara de rentrer dans la matière plate de la plaque en bois agglomérée. Ici, elle n’ajoute pas de couches, mais retire de la substance. La gravure est comme le squelette du dessin, l’os dur et la peinture charnelle. Les lignes sur les corps tatoués et les rides des vieux, eux mêmes tatouages du temps, sont des sillons dans la peau, histoire de sa vie narrée sur soi…

Insatiable, gargantuesque, cette Manon Bara, elle prend la peinture, elle la mange, elle l’ausculte et en sculpte – de la chair, peu importe de la chair de quoi. Tout devient chair, cher à son regard. La peau en tant que forme et l’expression en tant que contenu, sont une matière mouvante, dans le temps, chaque seconde de la vie. Et Manon Bara a trouvé une technique pour nous raconter ce changement permanent, où les couches se mélangeant, se nourrissent, se parlent, se communiquent ; et la masse vivante, débordante, généreuse. Manon Bara fait de la peinture comme on fait de la cuisine : entrée, plat, dessert dans chaque toile. Dans chaque toile, une question, une réponse et encore une question ouverte.

Manon Bara est représentée par la galerie Russiantearoom et Liza Fetissova : http://rtrgallery.com

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Moi, Manon Bara née en 1985 à Angers, strangulée par mon cordon ombilical à la naissance, connais depuis toujours une colère essentielle !

Je prends le pinceau comme une arme de guerre. Lorsque je ne peins pas, je regarde un match de boxe. Et lorsque je regarde un match de boxe, je pense surtout à celui qui prend des coups comme je pense souvent à Jésus-Christ ou à une assiette de charcuterie ! La peinture n’est pas un sexe décoratif, c’est une vierge qui a perdu son enfant. La peinture, c’est mieux que la télévision. La peinture doit rester la plus archaïque possible… toujours penser à nos ancêtres Cromagnons !

Et i la vie ne me donne pas de progéniture, tant pis, j’aurai des peintures. Et si je vieillis seule et sale et que je deviens pieuse, je n’oublierai pas que l’art est la seule religion. Et si je deviens grosse et grasse, à force de manger, je n’oublierai pas que l’art est ma seule nourriture !

Photo : Manon BARA « Femme étonnée », 2016 – 40×30 cm, peinture laquée sur toile

Manon Bara Manifeste
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Manon BARA “Entre rouge à lèvres et rage de dents”
Exposition du 25 novembre au 31 décembre 2016

chez CENTRAL DUPON
74 rue Joseph de Maîstre
75018 Paris

Pour visiter l’exposition, merci de prendre rdv au : 06 63 20 23 33, ou par mail: liza@rtrgallery.com

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