Olivier Debré : Les Nymphéas d’Olivier Debré
Olivier Debré : Les Nymphéas d’Olivier Debré

Olivier Debré :  « Si je peins une toile au printemps, pour moi c’est une toile de printemps. Je l’exprime dans le titre… Maintenant, avec la peinture abstraite, on dit qu’il ne faudrait pas le faire… Moi, je dis que si, en espérant être aussi abstrait que les plus abstraits… »

Pour la première et sans doute la dernière fois exposées ensemble, 6 toiles de tailles exceptionnelles d’Olivier Debré*, peut-être les plus grandes jamais réalisées dans la peinture du XXème siècle, vous proposent de saisir le travail de l’artiste à travers la question du format. Face aux grands tableaux de Debré, le regard s’évade, s’épanouit, se promène au gré de la surface et se perd dans les jeux de transparence et de matière, tantôt sèche, tantôt humide. Pour l’exposition de ce printemps, les grands tableaux de Debré investissent la galerie blanche. La série est pour la première fois présentée de façon exhaustive Ces grands formats de l’artiste supposent une immersion totale dans un paysage pictural mental et coloré que l’on pourrait qualifier de wall painting. Ce rapprochement inhabituel, cette suggestion sensorielle font de cet accrochage un grand spectacle offert au visiteur tout au long de l’année.

De Monet à Debré, c’est toute une histoire de l’abstraction du XXe siècle qui se déroule. Aussi, se référer à propos des grands tableaux d’Olivier Debré au Nymphéas de Claude Monet, c’est moins faire appel à la notion d’impressionnisme, qu’interroger la question de la disparition de la figure au profit de l’abstraction – Monet est souvent considéré comme le premier des abstraits.La question d’une abstraction qui puise son inspiration dans la nature, dans le monde sensible, a toujours été controversée. C’est un paradoxe que l’on peut évoquer à propos de la peinture de Debré, artiste qui aimait s’immerger dans le paysage, au bord de la Loire notamment, pour peindre.

Si Debré est bien paysagiste, ce sont des paysages mentaux qu’il recrée à la surface de la toile : quoi de plus abstrait. « Si je peins une toile au printemps, pour moi c’est une toile de printemps. Je l’exprime dans le titre… Maintenant, avec la peinture abstraite, on dit qu’il ne faudrait pas le faire… Moi, je dis que si, en espérant être aussi abstrait que les plus abstraits… » À la manière des Nymphéas, les grandes toiles de Loire de Debré, qui sont les plus grandes jamais peintes par l’artiste, forment une incroyable fresque presque ininterrompue de couleurs et de lumière. Il ne s’agit pas d’une représentation directe de la Loire, mais d’une interprétation de sa fluidité, de sa liquidité proprement plastique ; par-dessus tout, ce qui intéresse Debré est son étendue infinie, une sensation de spatialité que l’artiste tente de capturer et de transmettre au spectateur à travers ses toiles et leur format monumental. Lorsqu’en 1990 le ccc lui commande quatre toiles pour une exposition qui aura lieu en 1991, la demande avait été simple : réaliser des tableaux au format des quatre cimaises (environ 400 x 900 cm), qui devaient se substituer aux murs de l’espace d’exposition. Durant toute sa carrière, Olivier Debré a témoigné d’un attachement singulier à la Loire. Il entretenait également un lien privilégié avec le ccc, qui lui avait commandé ses plus grands tableaux. Son souhait était que son œuvre, dans le cas d’une donation, intègre un lieu permettant un dialogue avec la création contemporaine, et par conséquent un regard novateur et inédit sur son travail. Aujourd’hui c’est chose faite.

*Olivier Debré, (1920-1999) est le représentant majeur de l’abstraction lyrique. Il est le fils du professeur Robert Debré, le frère de Michel Debré et l’oncle de Bernard Debré et de Jean-Louis Debré.

Photo : Rouge coulé de Touraine, 1990-1991, huile sur toile, 400 x 915 cm, Tours, cccod © François Poivret – ccc

Les Nymphéas d’Olivier Debré
Exposition du 5 mai 2018 jusqu’au 13 janvier 2019

Centre de Création Contemporaine Olivier Debré
Jardin François Ier
37000 TOURS

http://www.cccod.fr/