la Fondation Mapfre accueille une exposition de dessins de Pontormo

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    Jacopo Pontormo
    Jacopo Pontormo , Buste de figure masculine barbue
    1519/1521 – Sanguine sur papier blanc
    275 x 182 mm, Département des estampes et dessins du
    musée des Offices, Florence © 2013 Pôle muséal florentin

    Du 12 février au 11 mai 2014, la FONDATION MAPFRE accueillera une exposition de dessins de Jacopo Carucci (1494- 1557), connu dans l’histoire de l’art sous le nom de PONTORMO et considéré comme l’un des représentants les plus importants du maniérisme. À travers un choix rigoureux de 70 oeuvres, provenant pour la plupart de la Galerie des Offices de Florence mais également d’autres prestigieux musées européens, dont la Staatliche Graphische Sammlung de Munich et l’Albertina de Vienne, l’exposition retrace toutes les étapes de la vie de Pontormo et tous les supports graphiques qu’il a utilisés.

    L’exposition réunit 60 dessins de Pontormo qui seront mis en regard de 9 dessins d’autres grand artistes, tels Dürer, Lorenzo de Credi, Poussin et Tiepolo, afin d’établir un dialogue entre leur manière de dessiner et celle de Pontormo et de faire ainsi ressortir l’originalité du style du grand artiste florentin.

    À côté de ce corpus de dessins, l’exposition présentera exceptionnellement, et pour la première fois hors d’Italie, le Journal de Pontormo, conservé à la Biblioteca Nazionale Centrale de Florence. Dans ce journal qu’il tient pendant les deux dernières années de sa vie, l’artiste consigne, en les accompagnant de petits dessins, les faits et gestes de sa vie quotidienne, ses obsessions et son désir de s’enfermer pour peindre, faisant ainsi apparaître le mythe de l’artiste maudit qui entoure Pontormo.

    Cette exposition, la première consacrée à Pontormo en Espagne, coïncidera avec le 520 ème anniversaire de la naissance de l’artiste. Parallèlement, le Palazzo Strozzi présentera, à partir de mars, une exposition autour de l’œuvre picturale de Pontormo et de son ami Rosso Fiorentino. Florence et Madrid s’unissent ainsi pour célébrer cet anniversaire. Fundación Mapfre montre, une fois de plus, l’intérêt particulier qu’elle porte au dessin, s’agissant de la seule institution espagnole dont les collections artistiques sont constituées exclusivement d’œuvres sur papier et qui organise régulièrement des expositions consacrées au dessin.

    A PROPOS DE L’EXPOSITION

    Pontormo est l’un des artistes les plus extraordinaires et les plus extravagants qui ont traversé l’histoire de l’art. Sa personnalité obsessionnelle, cyclothymique et névrosée, que décrivait déjà Vasari, a contribué à lui conférer de son vivant une aura d’artiste maudit.

    Le très riche corpus de dessins de Pontormo, conservé pour l’essentiel au Cabinet de Dessins et des Estampes de la Galerie des Offices, a contribué à nourrir la légende autour de l’artiste, son œuvre sur papier étant considérée comme répondant à la prima idea du peintre et comme renfermant l’essence de son âme tourmentée. S’il semble indéniable que, sur le papier, Pontormo explorait des idées et cherchait des solutions pour des œuvres plus ambitieuses, il recourait aussi à la graphie pour le seul plaisir d’exprimer ses sentiments, l’utilisant comme une sorte de détente de l’esprit.

    Concernant sa technique, Pontormo se sert essentiellement du crayon noir et du crayon rouge, et presque toujours avec de la craie blanche. Il expérimente aussi le bistre et la gouache et utilise de préférence la sanguine pour ses dessins les plus achevés. Sa formation auprès des grands maîtres de la Renaissance italienne permet à Pontormo d’expérimenter différentes manières de dessiner. Sa première formation auprès de Léonard de Vinci lui apprend à apprécier le dessin comme un exercice de création privé, qui permet à l’artiste de s’exprimer avec une plus grande liberté. Le contact avec Piero di Cosimo, et la sympathie qu’il éprouvera pour lui, incitera l’artiste à exercer son imagination et sa fantaisie. Parallèlement à cette connaissance du dessin qu’il acquiert auprès de ses maîtres, et alors qu’il travaille à la chartreuse de Galluzo, Pontormo découvre les gravures de Dürer, que son ami Rosso Fiorentino connaissait déjà et qui expliquent l’influence du maître allemand également sur ses études préparatoires pour La Crucifixion. Par la suite, c’est Andrea del Sarto qui exercera la plus grande influence sur son œuvre et c’est avec lui qu’il exécutera ses premières grandes commandes publiques. Dans ses travaux pour l’église San Lorenzo, qu’il réalise durant la dernière période de sa vie, Pontormo assimile à travers le dessin la spiritualité et la monumentalité de Michel- Ange.

    L’exposition présente des dessins de toutes les périodes de l’artiste, depuis les travaux de ses années d’apprentissage autour de Poggio a Caiano (1519-1521) jusqu’à ses dernières œuvres pour l’église San Lorenzo à Florence (1545-1556). Entre ces deux extrêmes, ses dessins préparatoires pour la chartreuse de Galluzo (1522-1525) et ses travaux autour de la chapelle Capponi, à l’église de la Santa Felicità (1526-1530), occupent une place particulièrement importante.

    Parmi les dessins montrés à l’exposition, l’ensemble le plus riche concerne l’église San Lorenzo de Florence. Les travaux qu’exécuta Pontormo pour cette église occupèrent quasiment tout son temps de 1545 jusqu’à sa mort, en 1556. Cosme Ier de Médicis lui commanda une décoration représentant sept scènes de l’Ancien Testament et une scène du Nouveau Testament pour couvrir les murs de l’édifice conçu par Brunelleschi. Dans ces œuvres, Pontormo renonce à la représentation temporelle des scènes pour chercher des oppositions symboliques qui renforcent ses réflexions sur la foi.

    Les dessins de cette période présentent des versions différentes de la même histoire et sonttraités comme des compositions isolées. Ils semblent ainsi montrer comment ces scènes murissent dans l’esprit de l’artiste et comment le dessin devient pour Pontormo un moyen d’exprimer ses différentes conceptions de ces questions chargées de spiritualité. Du point de vue plastique, les dessins témoignent du maniérisme poussé à l’extrême auquel parvient Pontormo à la fin de sa vie. La ligne serpentine et les distorsions extravagantes auxquelles il a recourstrouvent leur plus belle expression dans les études pour le Déluge et pour la Résurrection. Ces œuvres sont comme le cri silencieux d’un artiste profondément spirituel et incompris, d’un peintre maudit qui a cherché à exprimer son angoisse, son insatisfaction et sa quête incessante de Dieu.

    Parallèlement à la préparation de ses derniers travaux, Pontormo tient, entre 1554 et 1556, un journal détaillé où il note les faits et gestes de sa vie quotidienne, ses repas, ses douleurs et autres anecdotes banales, mais aussi sa peur de la mort, sa profonde spiritualité et son désir de laisser son âme s’exprimer au moyen du crayon et du papier. La fortune critique qu’a connue ce Journal a toujours été liée à la perception de Pontormo comme un artiste maudit. Pour la première fois, le Journal de Pontormo quittera Florence pour être présenté dans une exposition.

    Commissaire: Kosme de Barañano

    • Exposition du 12 février au 11 mai 2014

    FUNDACIÓN MAPFRE – Instituto de Cultura
    Paseo de Recoletos nº 23. Madrid – ESPAGNE