Jacqueline Badord
Jacqueline Badord

Disparue il y a deux ans, Jacqueline Badord était née en 1917 en Provence au sein d’une famille de musiciens. On y espérait qu’elle serait violoniste, mais elle a préféré entrer très jeune aux Beaux-arts de Toulon ; elle n’a jamais cessé de dessiner et de sculpter.

Mariée en 1942 avec le sculpteur Olivier Descamps, le couple va dès le début travailler en parallèle. Exposée à la galerie 65 de Cannes, le couple s’installant au début des années soixante à Paris. Jacqueline est remarquée par les architectes dès ses premières expositions et ne cesseront de lui passer des commandes pour des espaces publics en Europe et au Canada.

Toute sa vie, elle a travaillé les matériaux les plus divers, cherchant à écrire la forme dans l’espace et à saisir le mouvement pour rendre visible la vie. Aller à l’essentiel a toujours été sa priorité. Tracer un trait lui permettait de tout dire. Sa recherche artistique était animée par la volonté de matérialiser avec toute sa sensibilité les formes et les courbes à travers ses dessins et sculptures rondes et sensuelles. Elle ne faisait jamais poser ses modèles, négligeant les ombres et les valeurs.

Son mari disait de sa technique : « Ses dessins sont des instantanés, des observations, des notes comparables à celles que prennent les écrivains pour donner un accent de vérité à leurs oeuvres d’imagination. Elle s’efforce, par un trait expressif, de conserver le souvenir de la structure d’un corps, de l’équilibre d’une attitude, qu’elle a entrevue un bref instant. La découverte traduite en lignes noires n’est plus sur le papier qu’un signe, un caractère de son écriture personnelle. Elle ne prend pas le temps d’effacer, de corriger. Elle rature plutôt et au besoin recommence. »

Lauréate du prix de sculpture de l’Institut de l’Académie des Beaux-arts, Jacqueline Badord aimait faire partager la passion qui l’avait animée toute sa vie durant : “J’aimerais partager avec vous la passion qui m’a animé pendant plus de 80 ans, cette envie de découverte permanente, de renouveau et de sensation qui m’anime sans cesse. La vie artistique est semée d’embûche donnant chaque jour un sentiment de renouveau permettant de se projeter dans un nouvel univers qu’il faut créer et faire partager à chaque moment. Le doute et l’hésitation sont les moteurs de la création.” Disait-elle

Son mari, Olivier Descamps, pensait que l’art contemporain allait avoir une fonction sociale primordiale, et qu’à côté des architectes-urbanistes il y aurait les artistes-urbanistes qui placeraient des œuvres dans les villes nouvelles. Or, cette politique a été très vite remise en cause, et les grandes réalisations l’ont été à titre exceptionnel. Olivier Descamps a alors étudié le contexte des grandes agglomérations, utilisant des techniques contemporaines car il était convaincu qu’une époque ne peut être bien représentée qu’en utilisant les matériaux qu’elle a élaborés.

Toute leur vie durant, Jacqueline Badord et Olivier Descamps ont gardé un attachement particulier avec Draguignan, et plus largement la Dracénie et le Var. A partir de fin mai, ils y seront mis à l’honneur, leurs œuvres et dessins investissant plusieurs lieux d’exposition afin de permettre au public de découvrir, ou redécouvrir, certaines de leurs créations.

Les expositions à la Chapelle de l’Observance, au Musée d’arts et d’histoire et au Pôle culturel Chabran se tiendront du 30 mai au 11 juillet ; celle de la Galerie du Hangart à Draguignan du 18 juin au 31 juillet, et celle au musée Terra Rossa de Salernes du 30 mars au 6 octobre. Un bien bel hommage, une très belle rétrospective de ces deux longues carrières qui ont été animées par une recherche artistique passionnée jusqu’à la fin.

Pôle Culturel Chabran, 660 Boulevard John F. Kennedy, 83300 DRAGUIGNAN.
Musée d’Art et d’Histoire, 9 rue de la République, 83300 DRAGUIGNAN.
Chapelle de l’Observance, Place de l’Observance, 83300 DRAGUIGNAN.
Galerie Hangart, Rue Robert Schuman, 83300 DRAGUIGNAN.
Terra Rossa, Maison de la céramique architecturale, Quartier des Launes, 83690 SALERNES.

Olivier Descamps, Grand torse en
grès, 107ht x 54 x 42 cm – in situ à
Salernes