Fondation Prince Pierre de Monaco

, les Prix Littéraires 2013

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    Charly Gallo
    Légende photo : autour de S.A.R. la Princesse de Hanovre, Présidente de la Fondation Prince Pierre de Monaco, les lauréats de la Fondation Prince Pierre 2013 : de gauche à droite, Alain Mabanckou (Prix Littéraire), Morad Montazami (Prix pour un texte sur l’Art), Dora Garcia (Prix international d’Art Contemporain), Yannick Grannec (Bourse de la Découverte), Chloé Schmitt (Coup de cœur des lycéens). Photo : Centre de Presse – Charly Gallo

    Le Prix Littéraire a été remis cette année à Alain MABANCKOU. Créé en 1951, le Prix Littéraire Prince Pierre de Monaco honore, sur proposition du Conseil Littéraire, un écrivain d’expression française de renom pour l’ensemble de son œuvre. Il est doté d’un montant de 15 000 euros.

    La Bourse de la Découverte a été remise à Yannick GRANNEC, pour son œuvre La déesse des petites victoires, Anne Carrière, août 2012. Créée en 2001, elle récompense un jeune écrivain francophone pour son premier ouvrage de fiction. Cette bourse, d’un montant de 12.000 €, est dotée par la Fondation Princesse Grace.

    Le Coup de Cœur des Lycéens a été remis à Chloé SCHMITT pour son ouvrage Les Affreux, Albin Michel , août 2012. Créé en 2007, en collaboration avec la Direction de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports, ce prix est décerné par un jury de lycéens des établissements de la Principauté parmi une sélection d’ouvrages répondant aux mêmes critères que ceux de la Bourse de la Découverte. Véritable projet pédagogique, ce travail a pour but de sensibiliser les élèves au monde de l’édition et à la littérature contemporaine. Il est doté par la Fondation Princesse Grace d’un prix de 6 000 euros.

    Alain MABANCKOU

    Né au Congo-Brazzaville en 1966, Alain Mabanckou s’est consacré à l’écriture après avoir suivi des études de Droit à Paris. Il vit aujourd’hui en Californie et enseigne la littérature francophone à l’Université de Los Angeles depuis 2007.

    Le premier roman d’Alain Mabanckou, Bleu-Blanc-Rouge, paru en 1998, lui vaut le Grand Prix Littéraire de l’Afrique noire. Ce « livre plein d’humour, qui dépeint cependant le triste destin de nombreux immigrés africains à Paris » (présentation de l’éditeur), inaugure l’œuvre de Mabanckou qui ne cessera de publier régulièrement des romans principalement, mais aussi des essais et des recueils de poésie.

    Les essais qu’il a publiés offrent un regard depuis l’Afrique sur l’Europe mais aussi sur le racisme (Lettre à Jimmy, 2007) et sont teintés d’un style autobiographique qui donne à ces textes une authenticité et une sensibilité particulières.

    Les quatre recueils de poèmes d’Alain Mabanckou parus entre 1995 et 2001 ont été rassemblés en 2007 dans le même ouvrage intitulé Tant que les arbres s’enracineront dans la terre.

    Mais c’est surtout par ses romans qu’Alain Mabanckou s’est révélé au grand public.

    Unanimement salué par la presse et les lecteurs, Verre cassé paraît en 2005. L’auteur «impose dans Verre cassé une prosodie puissante, sans fioritures ni bavardages. C’est une palabre oratoire, d’une ampleur toute classique où l’humour, la poésie, et la détresse alcoolisée forment un bel alliage.» (Jean-Maurice de Montrémy, Livres Hebdo, décembre 2005)

    En 2006, Alain Mabanckou publie Mémoires d’un porc-épic, roman pour lequel il reçoit le Prix Renaudot. « On aime ce livre dès sa dédicace : A ma mère, Pauline Kengué, de qui je tiens cette histoire (à quelques mensonges près). La sensibilité y affleure déjà. La malice et la distance aussi. Alain Mabanckou travaille à la manière des fabulistes et des conteurs. Hommage à la parole qui délivre de la peur de la mort, écrit d’un souffle, sans un seul point, ces Mémoires de porc-épic sont un véritable enchantement. » (Michel Abescat, Télérama, octobre 2006)

    Avec Black Bazar, paru en 2009, «on se ­régale de cette langue populaire que Mabanckou pétrit, électrise, colore sans souci du politiquement correct. On rit de ce festival de clichés, de toutes ces idées reçues sur les Noirs plus ou moins foncés, les Blancs plus ou moins clairs, les femmes plus ou moins callipyges. Suprême politesse de l’auteur, car sur l’Afrique ou la colonisation, ce livre est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît. Comme l’explique le narrateur, franco-congolais à l’instar de l’auteur, il y a de la joie dans la peine, c’est comme ça dans mon petit pays… » (Michel Abescat, Télérama, février 2009)

    En 2010, dans Demain j’aurais vingt ans, « il se met dans la peau de Michel, un gosse d’une dizaine d’années vivant les années 1970 dans un Congo à l’heure de la décolonisation. Ce récit au ton candide d’un enfant dépassé par les enjeux des adultes est une véritable réussite. À travers ce gamin, et toujours avec humour, Mabanckou explique ce que peu d’essais ont réussi à faire. C’est la première fois depuis bien longtemps que l’on voit comment un petit Africain percevait le monde. Rarement, on avait lu l’Histoire – l’histoire de France et les remous internationaux – racontée de cette manière, avec cet angle. Qu’apprend-on finalement? Le bourrage de crâne dont firent l’objet de nombreux enfants africains baignés dans l’enseignement du communisme. Il faut lire les scènes où le meilleur élève de la classe récite par cœur le discours du dictateur. » (Mohammed Aïssaoui, Le Figaro, 24 août 2010)

    En 2012, Alain Mabanckou publie Le sanglot de l’homme noir. « Nourri de sa propre expérience entre l’Afrique qui l’a vu naître, la France où il a étudié et l’Amérique où il enseigne la littérature francophone, cet opus éclaire les questions les plus houleuses.» (Valérie Marin La Meslée, Le Point, 2 février 2012)

    Vingt-trois ans après avoir quitté son Congo natal, Alain Mabanckou retourne sur les lieux de son enfance et en livre un récit avec ses yeux d’adulte et d’écrivain dans Lumières de Pointe Noire (2013). « Au centre du livre, il y a la mère. Silhouette gracile au regard triste, elle baigne tout le texte, revenant encore et encore, par vagues mélancoliques et tendres. Souvenirs fantômes de celle que l’auteur n’a vue ni vieillir, ni mourir, la présence de cette femme, Pauline Kengué, modeste paysanne originaire de Louboulou, hante ce récit d’un retour au pays après vingt-trois ans d’absence. Le regard scrute l’espace et le temps de manière cinématographique — chaque chapitre renvoie à un titre de film, passe avec le même brio de la couleur au sépia, du plus léger au plus grave. Au bout du voyage, le constat est lucide : ce pays qui vit en lui n’est plus le sien, mais l’auteur demeure fidèle, ce texte en témoigne, au dernier souhait de sa mère, ce jour de 1989 où ils savaient tous deux qu’ils se voyaient pour la dernière fois : l’eau chaude n’oublie jamais qu’elle a été froide. » (Michel Abescat, Télérama, 5 janvier 2013).