Renaissance du Japon
Fukushima : Renaissance du Japon

Bertrand Delanoë et Kenzo Takada ont visité ensemble l’exposition « Renaissance du Japon après la catastrophe du 11 mars 2011 » à l’Hôtel de Ville en présence de représentants de la préfecture de Fukushima et de la presse.

Ouverte du 21 juin au 7 juillet 2012, cette exposition retrace la renaissance des collectivités locales japonaises touchées par les tremblements de terre, les tsunamis et l’accident au sein de la centrale nucléaire de Fukushima. A travers des photos, des mangas, des concerts, des conférences, des textes et des objets devenus symboliques de la reconstruction, cette exposition sensibilise les visiteurs à l’échelle inouïe de la catastrophe mais surtout au sens de solidarité, au courage et à la détermination de ceux qui ont survécu et surmonté les multiples problèmes pour reconstruire leur vie et leur communauté.

Cette exposition porte sur les défis humains et techniques auxquels doivent faire face les collectivités locales au lendemain d’une catastrophe naturelle comme ce fut le cas au Japon le 11 mars 2011. Accueillie à l’Hôtel de Ville de Paris, l’exposition est organisée par des volontaires et des associations françaises, sous le patronage de l’Ambassade du Japon en France, de la Maison de la culture du Japon à Paris, de la CCIJP et de l’association « Amicale des ressortissants Japonais en France », association de la communauté japonaise la plus importante sur notre territoire. Les Préfectures japonaises touchées par la catastrophe du 11 mars participent à cette exposition en mettant à disposition des photographies de la reconstruction post-11 mars. Des dispositifs d’urgence innovants mis en oeuvre à l’occasion de la catastrophe (logements, sanitaires…) sont également présentés.

Monsieur Minoru Watanabe et Monsieur Kenzo Takada

Paris solidaire du Japon

Lors du Conseil de Paris de mars 2011, peu après la catastrophe japonaise, les élus de Paris ont témoigné de la solidarité de Paris envers le peuple japonais en observant une minute de silence en présence de M. Yasuo Saito, Ambassadeur du Japon en France. A cette occasion, le drapeau japonais a été installé sur le fronton de l’Hôtel de Ville aux côtés des drapeaux français et européens, tous mis en berne.

Bertrand Delanoë, maire de Paris, a rendu hommage avec ces mots : « Aujourd’hui, le Japon traverse une crise humanitaire unique dans le monde. Face à ce drame dont nous mesurons toute la gravité, le peuple japonais fait preuve d’une solidarité exemplaire et traverse cette épreuve avec une exceptionnelle dignité. La Ville de Paris est tout entière aux côtés du peuple japonais dans ce moment tragique. »

Dès le 18 mars, la Ville de Paris a engagé dans chaque mairie d’arrondissement une première action concrète avec la Fondation de France, la Croix-Rouge française, le Secours populaire et le Secours catholique, par la mise en place d’une collecte de dons auprès des Parisiens. Par ailleurs, le marathon de Paris de 2011, dont Bertrand Delanoë et Yasuo Saito ont donné le coup d’envoi, a été placé sous le signe de la solidarité avec le Japon, à travers le slogan « Nous courrons pour vous ».

Le parcours de l’exposition Le visiteur est d’abord accueilli, dans la salle des Prévôts, par les photographies de Kazuma Obara. Elles offrent avec force le témoignage exceptionnel des travailleurs intérimaires de la centrale nucléaire de Fukushima. On découvre ensuite la situation de la reconstruction dans chaque département du Tohoku (l’Est du Japon) avec des photos des lieux avant, peu après la catastrophe et maintenant. Cette première partie du parcours s’achève par un manga très évocateur « Santetsu », représentant l’histoire réelle d’une petite ligne de chemin de fer qui longe la côte de Sanriku (Sanriku tetsudô) et qui est devenue un symbole de la reconstruction pour le Japon tout entier.

L’exposition aborde ensuite dans le salon des Tapisseries des projets concrets touchant à l’hébergement d’urgence (présentation d’une cellule de survie et de toilettes en carton), à l’hébergement temporaire avant reconstruction et au travail d’architectes pour repenser l’occupation des zones sinistrées. La reconstruction serait vaine sans la réflexion engagée pour aménager la côte en combinant reforestation naturelle et utilisation sur place des déchets du tsunami.

Situation de la reconstruction dans chaque département du Tohoku

Chacune des préfectures des 6 départements touchés par la catastrophe a fourni des informations sur la situation avec des photographies comparatives avant, puis quelques jours après le sinistre et un an après, ainsi que sur l’orientation de la reconstruction.

Exposition photographique de Kazuma Obara 3 jours après la catastrophe, le photographe Kazuma Obara, entendant l’appel à l’aide des sinistrés se rend sur place. Il commence alors son reportage dans les différentes zones sinistrées et termine par la centrale nucléaire de Fukushima où il immortalise le travail des intérimaires. Les photos de Kazuma Obara de la centrale Daiichi ont été relayées dans beaucoup de pays européens. Ses photographies les plus récentes, prises il y a 15 jours, seront diffusées sur écran au sein de l’exposition.

Le manga de Koji Yoshimoto sur la compagnie ferroviaire Sanriku Tetsudô « Santetsu » Publié en mars 2012 par la maison d’édition Shinchosha, ce manga raconte l’histoire de la compagnie ferroviaire Sanriku Tetsudô. Compagnie ferroviaire de type 3e secteur (compagnie privée à but non lucratif), Sanriku Tetsudô possède une ligne de chemin de fer longeant la côte de Sanriku dans le département d’Iwate. Frappée fortement par le tsunami, certaines portions de la ligne ont néanmoins été remises en état 6 jours après la catastrophe. Le 11 mars 2012, la partie Nord du réseau a été remise en service. La réhabilitation totale du réseau sera achevée en 2014.

Cette petite compagnie tentant de se redresser après la catastrophe tout en continuant à faire face aux problèmes qui touchent toutes les compagnies ferroviaires régionales est devenue un symbole de la reconstruction pour le Japon tout entier.

Projet Violons – « Amitiés / Solidarités – liens tissés par 1000 sonorités »

A Rikuzentakata, la région la plus durement frappée par le tsunami, le « docteur des violons » Muneyuki Nakazawa a rassemblé du bois déniché au milieu des gravats et en a fait, avec l’aide de menuisiers de la région, un violon unique en hommage au seul arbre qui résista à la vague. 1 an plus tard, lors de la cérémonie commémorative du 11 mars 2012 à Rikuzentakata, Ivry Gitlis, violoniste israélien de renommée internationale, est venu jouer de ce violon pour les sinistrés. Grâce au prêt de ce violon pour la durée de l’exposition, les musiciens japonais résidant en France, les violonistes sensibilisés par la catastrophe, les violonistes parisiens comme les étudiants en musique, pourront venir jouer de ce violon et manifester leur solidarité avec le Japon.

Comment les architectes régénèrent-ils le local ?

Près de cinq cents kilomètres de côtes ont été ravagés par le tsunami, à la suite du tremblement de terre du 11 mars 2011. Des agglomérations et des villages entiers ont disparu. De nombreuses maisons en bois se sont immédiatement effondrées et beaucoup de bâtiments en béton armé se sont écroulés. Cela nous a montré la faiblesse de la résistance de l’architecture face à la puissance destructrice des catastrophes naturelles. Immédiatement après cette catastrophe naturelle, des architectes se sont demandés ce qu’ils étaient en mesure de faire pour la reconstruction, et ont commencé à travailler. À partir des leçons tirées des expériences vécues, lors du séisme de 1995 à Hanshin Awaji (Kobe), les architectes ont réalisé divers projets tels que la mise en place de partitions dans des refuges, des constructions temporaires, des workshops avec des habitants.

L’exposition présente ces activités de soutien menées pendant un an par les architectes pour la reconstruction de l’Est du Japon, après le 11 mars 2011. Elle s’organise suivant trois thèmes : « refuge », « construction temporaire » et « reconstruction durable ».

« REFUGE »

Tout de suite après le séisme de l’Est du Japon, 470.000 personnes ont demandé l’évacuation d’urgence et ont été placées dans des refuges tels que des gymnases d’école et des centres culturels. En attendant de pouvoir s’installer dans des maisons provisoires, les réfugiés ont été contraints de vivre en unité de famille dans de grands espaces sans intimité. « Voluntary Architects’ Network (VAN) / Shigeru Ban », à partir des leçons tirées de ses activités de soutien, a notamment agi pour concevoir rapidement des systèmes de partitions dans les refuges, afin de préserver l’intimité de la vie privée dans un grand espace.

Crédits photographiques : Christian Michel – Mairie de Paris Délégation Générale à l’Evénementiel et au Protocole

« CONSTRUCTION TEMPORAIRE »

Des maisons provisoires, 52 620, accueillent les personnes ayant perdu leur maison. Jusqu’au 11 mars 2012, un an après le séisme, elles ont été construites sur 913 sites, des terrains de sport et des parcs. Bien que provisoires, ces maisons abriteront des vies pendant plus de deux ans.

Afin d’améliorer le quotidien sur les sites des maisons provisoires préfabriquées, plusieurs propositions ont été réalisées par des architectes, comme l’amélioration de l’agencement des maisons ainsi que le système de personnalisation des espaces de l’habitat. Un soin particulier a été apporté à la recréation d’une vie en communauté. Des salles de réunion ont été installées. Des maisons en bois ont été construites par des artisans du Tohoku, connus pour leur habileté technique, donnant ainsi un confort au sein de l’habitat provisoire. Cinq architectes, Toyo Ito, Riken Yamamoto, Hiroshi Naito, Kengo Kuma et Kazuyo Sejima ont formé une association « KISYN no kai » et lancé le projet des huttes « Home-for-All » où les habitants ayant perdu leurs maisons peuvent se réunir et discuter, afin de créer et maintenir leur vie en communauté dans les sites de maisons provisoires.

« RECONSTRUCTION DURABLE »

Le tsunami, à la suite du séisme de l’Est du Japon a détruit en un instant des villes et des villages formés sur de longues périodes. Il est important de connaître l’état de ces villes et villages avant le séisme, de s’enquérir de ce que les habitants ont perdu, et d’élaborer des plans de reconstruction minutieux en tenant compte de l’histoire.

La particularité de ce dernier séisme est la diversité des situations de sinistre liée à l’étendue de ces zones. Les architectes étudient plusieurs projets de reconstructions spécifiques pour chaque région et chaque quartier.

« Archi+Aid », le réseau pour le soutien de la reconstruction basé à Sendai, au centre de la région sinistrée, a pris contact avec des écoles d’architecture de la région et constitue de nombreux réseaux d’activités de soutien. Les activités successives pour la reconstruction locale, dans le cadre de workshops, pourront prochainement concrétiser leurs projets de reconstruction.

Après cette catastrophe naturelle, comment doit-on rétablir la relation entre la nature, la ville et l’architecture, afin de redonner l’espoir aux habitants vivant dans ce milieu sinistré ? La reconstruction de la région vient de démarrer et demandera encore 5 ans ou plus de 10 ans. Par-delà les frontières, nous souhaitons réfléchir à une future carte de la région, avec le peuple français.

Des forêts pour sauver des vies – un projet du botaniste M. Akira Miyawaki

A Iwate, dans le village de Otsuchi-chô qui a énormément souffert du tsunami, une forêt de protection a été créée en plantant des arbres sur un tertre créé avec les débris du tsunami. C’est une initiative inédite lancée au mois d’avril 2012. Le tertre fait 15 mètres de large, 50 mètres de long et 4 mètres de haut. Il est composé à la base de gravats de béton puis de débris organiques permettant aux racines des arbres de pénétrer profondément. 450 habitants sont venus planter ensemble 16 espèces d’arbres différentes (Tabunoki, Chêne à feuille de bambou, etc.) pour un total de 30 000 plants d’arbres feuillus.

Le cinéma japonais et la peur du nucléaire dans les années 50

Après avoir testé les effets des bombes à base d’uranium sur la population de Hiroshima et à base de plutonium sur la population de Nagasaki, les Américains testent le 1 mars 1954 dans le Pacifique au dessus de l’atoll de Bikini une bombe 1 000 fois plus puissante à base d’hydrogène. Cependant, les scientifiques américains ayant largement sous-estimé la puissance de cette nouvelle bombe, une centaine de thoniers japonais se trouvant, pour le plus proche, le « Daigo Fukuryu Maru », à 65 kilomètres du périmètre de sécurité, seront recouverts pendant 3 heures d’une fine poussière blanche issue de coraux calcinés mélangée à des éléments de fission hautement radioactifs que les marins appellent « cendre de mort ». Les bateaux contaminés regagnent le Japon le 14 mars et le premier marin meurt le 23 septembre 1954. Les responsables américains tentent de minimiser les conséquences de cette explosion allant jusqu’à assurer que les équipages étaient victimes de l’action chimique du corail carbonisé. Sous prétexte d’apporter leur compétence pour le traitement des équipages contaminés, les scientifiques américains pourront comparer les effets respectifs des trois types de bombes atomiques. Voir ou revoir à ce sujet le documentaire « La face cachée de Hiroshima » réalisé par Kenichi Watanabe en 2011 avec le soutien de la Région Ile-de-France.

L’histoire fortement médiatisée de l’équipage du « Daigo Fukuryu Maru » aura pour conséquence de soulever le couvercle sous lequel les autorités, tant américaines que japonaises, voulaient confiner les conséquences de Hiroshima et Nagasaki et renforcer le mouvement anti-nucléaire japonais. Autre conséquence, trois films abordant ce thème de la peur du nucléaire sortent en quelques années.

Le 3 novembre 1954, la société de cinéma Toho projette « Godzilla » de Ishiro Honda où apparaît pour la première fois à l’écran un monstre réveillé par les essais nucléaires du Pacifique et crachant un feu radioactif. Une version édulcorée, certains diront censurée, amputée de nombreuses scènes, d’autres ajoutées avec un acteur américain jouant un journaliste, sera diffusée aux Etats-Unis et même au Japon sous le titre de « Godzilla, King of the monsters ». En 1994 la Toho conçut un coffret collector pour le 40ème anniversaire de la sortie du film, permettant au public japonais de comparer les deux versions.

Au fil du temps et avec pratiquement un épisode chaque année depuis 1962 et même certaines années deux épisodes diffusés avant le jour de l’an et pendant les vacances d’été, le message écologique et anti-nucléaire s’est estompé. Devenu spectacle familial, paquet de popcorn en main, le mythe s’est estompé au point que plus aucun Japonais ne se souvient que Godzilla crache un feu nucléaire. De monstre destructeur, il est devenu personnage héroïque avec une pointe d’humour lorsqu’il boxe son adversaire et le nargue avec force mimiques. Il peut tout aussi bien, selon les époques, protéger la terre, lutter contre la pollution, ou être vecteur de désolation et de destructions…

Le 22 novembre 1955, après l’immense succès des « Sept Samouraïs » en 1954, Akira Kurosawa sort « Vivre dans la peur ».

Point de départ de ce projet, des propos tenus par Fumio Hayasaka, compositeur et ami de Kurosawa : « Je ne peux travailler la conscience tranquille dans cette époque à cause du nucléaire ». Hayasaka succombera à une tuberculose quelques jours avant la fin du tournage et ne pourra terminer la bande originale du film.

Toshiro Mifune, alors âgé de 35 ans, interprète le rôle d’un riche industriel de 75 ans qui forme le projet, par peur du nucléaire, de tout vendre et de partir avec sa famille s’installer au Brésil. Celle-ci, plus préoccupée par son confort actuel, engage une procédure auprès d’un tribunal familial de conciliation. Le juge, dentiste de profession, doit trancher : le comportement du riche industriel est-il oui ou non irrationnel ? Bien que bouleversé, il est obligé de statuer en faveur de la famille. A la lecture du jugement, l’industriel est terrassé par une attaque ; une fois sur pieds il met le feu à son usine puis est interné. Convaincu d’avoir trouvé refuge sur une autre planète, il dira au dentiste venu lui rendre visite et tout en regardant le soleil : « Voila, la terre brûle ».

Reprenant sa réflexion sur le colmatage des brèches du quotidien plutôt que de s’interroger sur les problèmes fondamentaux de notre société, Akira Kurosawa, âgé de 84 ans, consacrera en 1990 l’un des huit courts métrages de « Rêves » au cauchemar du nucléaire avec « Le Mont Fuji en rouge ». Suite à l’explosion de six réacteurs d’une centrale nucléaire le Mont Fuji s’embrase et des nuages de toutes couleurs symbolisant les différents types de contaminations et leurs conséquences sur le corps humain se propagent jusque vers un homme d’âge mûr, une femme avec ses deux enfants et un jeune homme naïf qui agite sa veste pour protéger les enfants des radiations, sur une plage parsemée de valises et de poussettes d’enfants abandonnées. En fait l’homme mûr se révèle être un responsable du secteur nucléaire qui a martelé pendant de nombreuses années que « la sécurité du nucléaire est absolue, puisque sa seule faille, l’erreur humaine, a été désormais éliminée »

Le 18 février 1959, Kaneto Shindo, qui s’était fait connaître en Occident avec « Les enfants d’Hiroshima », projette pour la première fois « Heureux Dragon n°5 », quasi documentaire sur la tragédie du « Daigo Fukuryu Maru ». Son actrice fétiche, et épouse, Nobuko Otowa, y tient un rôle avant d’interpréter en 1960 le rôle principal de « L’Ile nue ».

  • Salle des Prévôts et Salon des Tapisseries, accès par le parvis de l’Hôtel de Ville
  • Ouvert tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h00 à 19h00
  • Crédits photographiques : Christian Michel – Mairie de Paris – Délégation Générale à l’Evénementiel et au Protocole

Exposition Renaissance du Japon après la catastrophe du 11 mars 2011