Etienne Rougery Herbaut : ELLIPSE à l’Espace Léon Beaubourg

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Etienne Rougery Herbaut
Etienne Rougery Herbaut

Etienne Rougery Herbaut interroge cette mémoire : qu’est-ce qu’un souvenir ? qu’en reste-t-il avec le temps ? peut-on le capturer ?

Cela fait déjà plus de quinze ans qu’Etienne Rougery Herbaut s’adonne à la photographie. C’était au tout début des années 2000 ; adolescent, il avait secrètement emprunté l’appareil photo familial, un Nikkormat semi-automatique, pour faire des reportages dans les rues de Paris. C’est là que tout a commencé : « Alors que j’observais la foule, j’ai été témoin d’une scène très violente entre un manifestant et des policiers. J’ai été projeté au sol alors que je photographiais la scène. En me relevant, je me suis rendu compte que j’avais saisi un moment unique.» expliqua-t-il plus tard.

Cet instant fut déterminant, le poussa à entamer des études artistiques et à voyager pour pouvoir photographier autre chose et ailleurs. A la fin de ses études, le destin lui fait rencontrer le talentueux et énigmatique JR, en devient le premier stagiaire de l’artiste et restera sept ans à ses côtés en tant que chargé de production, coordonnant ses actions et voyageant au rythme des projets qui le mèneront au Kenya, aux Etats-Unis, au Brésil, en Europe, en Asie, en Turquie et aux Émirats arabes unis. Voyageant également seul, il se rend en août 2013 en Sibérie, à la rencontre des mineurs de Borodino, la plus grande mine de charbon de Russie, et l’année suivante en Inde pour photographier les brodeurs de Chennai dans la région du Tamil Nadu.

2015 marque un tournant dans sa démarche photographique qui se fait plus conceptuelle, autour de l’évaporation des souvenirs. Après un voyage en 2016 en Algérie avec l’artiste illustrateur Youssef Boubekeur durant lequel ils rapprochent le dessin de la photographie dans une étude de l’instant, Il prépare ELLIPSE sa première exposition à Paris à laquelle il nous convie désormais.

ELLIPSE parle et questionne la mémoire en proposant une exploration visuelle du souvenir. « Nos souvenirs nous échappent autant qu’ils restent en nous. J’aimerais pouvoir tout retenir : les visages, les expériences, tout ce qu’un regard raconte ; la sensibilité, la force la dignité. » Commente-t-il. Elliptique, la mémoire nous appartient tout en nous échappant.

Qu’est-ce qu’un souvenir ? qu’en reste-t-il avec le temps ? Peut-on le capturer ? ELLIPSE, dont le nom évoque l’omission, la disparition, sonde la fragilité du souvenir. Des photographies de reportage y côtoient des photographies oniriques et la pièce finale de l’exposition, l’installation « Illusion ».

Le public est invité à une exploration visuelle qui se déroule en trois temps majeurs :

– Les reportages photographiques réalisés en Sibérie et en Inde qui ouvrent l’exposition. Etienne Rougery Herbaut voyage de visages en visages ; il part à la rencontre des mineurs de Borodino et des brodeurs du Chennai. « J’aimerais pouvoir tout retenir : les visages, les expériences, tout ce qu’un regard raconte ; la sensibilité, la force, la dignité. »

– Les photographies des séries « Vision » et « Memories » suivent. Plus oniriques, parfois mises en scène, ces photographies questionnent le souvenir : est-il possible de lui donner forme ? de le reconstituer ? Elles suggèrent aussi son altération et sa disparition.

– L’installation « Illusion » clôt le parcours. Elle évoque le caractère vaporeux et stratifié de la mémoire, cet espace de contradiction où se mêlent précision et oubli.

Etienne Rougery Herbaut, un nom que notre mémoire n’est pas prête d’oublier !

Photo : Le bain ©Etienne Rougery Herbaut

Informations pratiques :

“ELLIPSE” d’Etienne Rougery Herbaut
Exposition du 17 au 23 juin 2017

Espace Léon Beaubourg
38 rue Quincampoix
75004 Paris

http://www.espacesleon.fr/espace/beaubourg