Clotilde Hesme et Keziah Jones dans “L’Échappée belle” d’Emilie Cherpitel

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Emilie Cherpitel
Emilie Cherpitel - L’Échappée belle

Emilie Cherpitel dont son premier long métrage “L’Échappée belle” sera en salle le 17 juin a réussi à décider la star du funk Keziah Jones à faire sa première apparition au cinéma, en lui confiant le rôle de John. John qui dans le film est une rocks­tar qui  multi­plie les conquêtes et qui devient l’amant de la très belle et très séduisante Clotilde Hesme. Clotilde Hesme qui elle de son côté, interprète Eva, le rôle principal de cette belle échappée. Clotilde Hesme, a notamment été vue dans Les Amants réguliers, de Philippe Garrel, dans Les Chansons d’amour, de Christophe Honoré, dans Angèle et Tony, d’Alix Delaporte, au théâtre pour Luc Bondy, Olivier Py, dans la série Les Revenants et dernièrement dans Le Dernier Coup de marteau, réalisé par Alix Delaporte.

[vc_text_titles title=”L’histoire : ” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

Il est 5 heures du matin, à une terrasse de café, Léon s’assoit à la table d’Eva et lui demande un chocolat chaud. Il a 11 ans et ne connaît pas ses parents. Elle a 35 ans et pas d’enfant. Elle est libre, fantasque et mène une vie de privilégiée. Il est malin, sage et vit dans un foyer. Ils ne vont plus se quitter.

[vc_text_titles title=”Questions à Emilie Cherpitel : Propos recueillis par Claire Vassé” title_type=”h3″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

Comment est né votre désir de réaliser des films ?

Très tôt, bien avant que je travaille sur des plateaux. J’ai fait une université de cinéma à New York, mais comme il fallait bien que je gagne ma vie, je suis devenue assistante et j’ai un peu perdu de vue l’envie de réaliser des films moi-même. Le désir était là mais pas la confiance. Il n’empêche, je n’ai jamais arrêté d’écrire, sans rien faire lire à personne. Et puis j’ai montré une ébauche de ce scénario à ma productrice et c’est vraiment elle qui m’a encouragée à poursuivre.

Dès l’ouverture de L’Échappée belle, vous installez un ton décalé : bel appartement, jolie fille qui porte un masque de nuit improbable, musique tendrement mélancolique… Clairement on n’est pas dans un réalisme à la française…

Les plans fixes du début du film sur l’appartement d’Eva nous montrent qu’on est chez quelqu’un qui aime les belles choses et qui a les moyens de se les offrir. Son quotidien s’inscrit dans un univers singulier, empreint de légèreté et d’insouciance. Eva va en boîte de nuit, en sort à cinq heures du matin, se réveille à quinze heures. Elle est en décalage avec les contraintes matérielles de la majorité des gens et ce décalage me permet de situer le film en dehors de notre réalité. Quant à son masque de nuit, il est très inspiré de celui d’Audrey Hepburn dans Breafkast at Tiffany’s…

Vous empruntez au registre du conte. Léon surgit de nulle part, les parents d’Eva habitent dans un château…

Oui, du conte réaliste, car je ne récrée pas totalement un monde, je le décale juste un peu par rapport à la réalité. Cette dimension de fable s’affirme vraiment avec l’arrivée de l’enfant. Tout à coup, il est là et Eva n’en semble pas tellement étonnée. Il s’établit immédiatement un échange entre eux, il la suit, elle l’accueille chez elle… Léon débarque de nulle part comme le Petit Prince et le côté irréel de l’environnement d’Eva est renforcé par le fait qu’il est perçu par ses yeux émerveillés d’enfant : le château du père, l’escapade à Rome, l’appartement de la sœur où tout est excessif avec plein de bonbons, plein d’enfants… J’aime le merveilleux au cinéma, l’échappatoire possible dans un univers plus léger que le nôtre.

Le monde de Léon non plus n’est pas mis en scène de manière très réaliste…

Oui son monde d’enfant qui vit dans un foyer est lui aussi très à côté de la réalité. Il m’intéressait de raconter l’émotion de la rencontre entre ces deux personnes qui n’ont aucun lien familial, plutôt que la réalité d’une naissance sous X ou de la vie dans un foyer. Si Léon était son neveu ou son fils, Eva serait dans le rôle de l’adulte qui éduque, qui transmet. Mais là, cet enfant qui sort de nulle part et pourrait repartir aussi vite, fait vraiment écho à l’enfant qu’elle a pu être, avec ses questionnements, ses projections sur sa vie à venir. Encore ce côté Petit Prince, qui distille un peu de sa sagesse.

Eva est une princesse moderne mais un peu portée sur l’alcool et sans prince charmant… C’est difficile de la plaindre parce qu’elle est très gâtée mais c’est vrai que sa vie est quand même un peu lourde ! Elle a une sœur sacrément névrosée et très agressive avec elle, un père déprimé qui ne bouge pas de chez lui… Son envie de légèreté vient aussi de là. Elle cherche toujours une porte de sortie pour éviter que les questionnements un peu durs ne virent au pathos. Sa désinvolture et son côté fantasque cachent une blessure, et la vacuité d’une vie sans but. Eva crée une illusion de bonheur plus qu’elle n’est réellement heureuse.

« Je te choisis », lui écrit Léon…

C’est un fantasme très enfantin : celui qui n’a pas de parents peut choisir la personne qui va s’occuper de lui et l’aider à devenir grand. Une phrase d’Eluard a initié cette histoire : « Il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous » Je voulais raconter ce rendez-vous. J’aime bien la poésie de l’idée du destin mais j’aime bien aussi me dire que dans ce destin, on peut être suffisamment maître des choses pour choisir la direction qu’on veut prendre. Eva et Léon n’ont rien à faire l’un avec l’autre et finalement, ils décident qu’ils embellissent assez la vie l’un de l’autre pour avoir envie de rester ensemble. C’est un choix qu’ils font, un peu dans la lignée de Harold et Maud ou Gloria…

Pourquoi Clotilde Hesme pour jouer Eva ?

C’est vraiment la première actrice à laquelle j’ai pensé, notamment en écho à son personnage de copine drôle et pétillante dans Les Chansons d’amour. Clotilde est comme ça dans la vie. Elle éclate de rire, elle est joyeuse et très belle, mais je trouvais que cette facette de sa personnalité n’avait pas été entièrement exploitée au cinéma. Et puis elle a la simplicité nécessaire pour que l’on éprouve de la sympathie envers Eva. Elle apporte quelque chose de touchant et subtil à son personnage. Sans doute parce que c’est une actrice qui ne minaude pas du tout. Clotilde a tout de suite été emballée par le personnage, elle avait vraiment envie de cette légèreté. Elle aimait bien aussi l’idée de faire un film avec un enfant.

Pourquoi avoir confié le rôle de John, l’amant d’Eva, au chanteur Keziah Jones ?

Je voulais quelqu’un d’élégant, de beau, lui aussi très dandy. Keziah dégage immédiatement une impression de succès et d’originalité, on comprend vite pourquoi Eva est amoureuse de lui.

[vc_text_titles title=”Casting : ” title_type=”h4″ page_title_type=”v1″ title_align=”left”]

Eva : Clotilde Hesme
Léon : Florian Lemaire
Lucie : Clotilde Courau
John : Keziah Jones
Simon : Yannick Choirat
Le père : Peter Coyote
Richard : Frédéric Beigbeder

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