Bentu : le dynamisme des jeunes artistes chinois

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Bentu - Xu Qu, Currency Wars, 2015
Bentu - Xu Qu, Currency Wars, 2015

Avec sa toute nouvelle exposition, “Bentu, des artistes chinois dans la turbulence des mutations”, visible jusqu’au 2 mai prochain, la Fondation Louis Vuitton permet de nous faire comprendre comment la jeune génération aussi dynamique que talentueuse d’artistes chinois ressent et vit les transformations de son pays et son ouverture sur le monde. C’est en parcourant les ateliers et les écoles d’art de la Chine que les organisateurs de cette exposition ont repéré cette douzaine d’artistes qui nous font découvrir, à travers leurs vidéos, installations et peintures, leurs recherches artistiques multiples, évoluant entre passé et présent.

Chaque jour l’Occident parle de la Chine ; de sa pollution et de son nouvel engouement pour l’écologie, de ses variations économiques, de ses remous sociaux, mais sur l’art…Rien ou si peu ! L’art chinois contemporain intéresse les collectionneurs européens depuis le début des années 1980, époque à laquelle on assistait à l’exil des artistes. Le marché de l’art s’en est emparé depuis quelques années, propulsant certaines œuvres à plusieurs millions d’euros. Ce sont ces deux univers que nous fait découvrir la Fondation Vuitton avec « Bentu », terre natale. Dans le champ de l’art contemporain chinois, ce terme ne renvoie pas à un nationalisme mais recouvre un concept dialectique qui concilie le bentu « local » au bentu « global » dans un processus d’universalisme et de redécouverte critique de l’identité propre. Cette expression est au centre des réflexions des artistes, des critiques et des chercheurs en Chine aujourd’hui.

Hu Xiangqian, diplômé des Beaux-arts de Canton, ouvre le ballet avec sa vidéo dans laquelle au sein d’un parc de Pékin, une femme souriante danse, seule, dans une indifférence quasi générale. Cette solitude, cet individualisme et affirmation de la personnalité sont des thèmes chers à cette nouvelle génération d’artistes qui veulent marquer une rupture avec le collectivisme passé de leur pays. Mélanger leur culture traditionnelle avec les nouvelles technologies et l’art occidental, telles sont les racines de la recherche artistique de l’ensemble de ces jeunes plasticiens.

XU Zhen, fidèle à cette pensée, soumet au public parisien deux sculptures grecques classiques superposées ainsi qu’une vidéo des pus surprenantes, sur laquelle un homme danse dans les nuages reprenant des postures de prières. Hao Liang, artiste aussi cultivé que talentueux, expose à l’intérieur d’une vitrine, un superbe rouleau aux couleurs harmonieuses et douces sur lesquelles se conjuguent une multitude de détails nous contant l’histoire d’un jardin paysager emblématique, créé sous la dynastie Ming, détruit par la Révolution culturelle, puis reconstruit et transformé, dans les années 90, en un parc d’attraction. Anciennes photos et documents se rapportant à l’histoire de ce jardin sont présenté à côté de son œuvre, témoins d’un passé que l’artiste a si bien su faire revivre.

Ce sont des paravents colorés que propose Xu Qu, revêtus de détails de billets de banque du monde entier. La valse folle des flux financiers s’est concrétisée en d’hypnotisantes toiles abstraites, colorées et mobiles, à l’image des marchés financiers.

Fidèle à sa démarche, Qiu Zhijie, exposé lors de la dernière Biennale de Venise en 2015, propose un dessin qui, à l’image de ses grandes cartographies, mélange termes en anglais et en chinois, illustrant tout en poésie et avec imagination, les mutations géographiques et politiques de son pays.

Liu Shiyuan, non sans humour, a tapissé une petite pièce d’une multitude de morceaux de tapis colorés, qui reprennent le langage et le graphisme de la télévision et au sein duquel une bande son répète en boucle des messages publicitaires qui veulent soi-disant véhiculer du bonheur. Sont également exposés Cao Fei, Liu Chuang, Liu Wei , Liu Xiaodong, Tao Hui et Yang Fudong.

Un ensemble d’œuvres prouvant de la volonté des artistes chinois de s’ouvrir au monde, de mettre en place un melting pot des cultures tout en créant une symbiose avec le XXIè siècle de leur histoire et mentalité traditionnelle. Ces jeunes artistes témoignent de la vitalité de l’art contemporain chinois, de son dynamisme et de sa maturité.

Photo : Xu Qu, Currency Wars, 2015 (vue de l’installation à la galerie Almine Rech, Bruxelles, 2015)

Cao Fei – née en 1978 à Canton. Vit et travaille à Pékin.
– Hao Liang – né en 1983 à Chengdu. Vit et travaille à Pékin.
Hu Xiangqian – né en 1983 à Guangdong. Vit et travaille à Pékin.
Liu Chuang – né en 1978 à Hubei. Vit et travaille à Pékin.
Liu Shiyuan – née en 1985 à Pékin. Vit et travaille à Pékin, Chine et Copenhague, Danemark.
Liu Wei – né en 1972 à Pékin. Vit et travaille à Pékin.
Liu Xiaodong – né en 1963 à Liaoning. Vit et travaille à Pékin.
Qiu Zhijie – né en 1969 à Zhangzhou. Vit et travaille à Pékin et Canton.
Tao Hui – né en 1987 à Chongqing. Vit et travaille à Pékin.
Xu Qu – né en 1978 à Nanjing. Vit et travaille à Pékin.
Xu Zhen – né en 1977 à Shanghai. Vit et travaille à Shanghai.
Yang Fudong – né 1971 à Pékin. Vit et travaille à Shanghai.

Bentu – Xu Zhen, New, 2014 – Acier inoxydable peint – 130 × 110 × 402 cm – Production : MadeIn Company

Zhang Xiaogang, My Ideal, 2008 et My Ideal, 2003–2008 My Ideal, 2008 Bronze, dimensions variables My Ideal, 2003–2008 Huile sur toile, 279 x 500 cm

Zhang Xiaogang, My Ideal, 2008 et My Ideal, 2003–2008- My Ideal, 2008- Bronze, dimensions variables- My Ideal, 2003–2008 – Huile sur toile, 279 x 500 cm

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BENTU, des artistes chinois dans la turbulence des mutations
Exposition jusqu’au 2 mai 2016

Fondation Louis Vuitton
8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne,
75116 Paris

http://www.fondationlouisvuitton.fr/

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